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Le Royaume-Uni a annoncé, lundi 1er décembre, retirer un soutien financier pouvant atteindre 1,15 milliard de dollars au projet gazier controversé mené par TotalEnergies au Mozambique, suspendu après une attaque djihadiste en 2021, invoquant une hausse des risques.
« Le gouvernement de Sa Majesté estime que ces risques ont augmenté depuis 2020 », a expliqué le ministre du commerce britannique, Peter Kyle, dans une déclaration au Parlement. « Le financement britannique de ce projet ne servira pas les intérêts de notre pays », a-t-il ajouté.
TotalEnergies est visé par deux procédures judiciaires dans le cadre de ce projet, suspendu à la suite d’une sanglante attaque djihadiste dans la ville voisine de Palma en 2021, qui a fait environ 800 morts, selon l’ONG Acled. Maître d’œuvre du projet et premier actionnaire avec 26,5 % des parts, le géant français des hydrocarbures espère reprendre en 2029 la production sur le site, qui représente un investissement de 20 milliards de dollars.
Il a réclamé fin octobre au gouvernement du Mozambique une compensation pour le surcoût lié au retard, qu’il évalue à 4,5 milliards de dollars (3,87 milliards d’euros), ainsi qu’une extension de la concession de dix ans, en plus d’un rattrapage des quatre ans et demi perdus.
Plainte à Paris pour « complicité de crimes de guerre »
L’insurrection dans la province mozambicaine du Cabo Delgado, dans le nord de ce pays d’Afrique australe, menée par un groupe affilié à l’organisation Etat islamique, a causé plus de 6 300 morts depuis 2017, d’après un décompte de l’Acled.
Le géant français des hydrocarbures fait l’objet en France d’une information judiciaire pour homicide involontaire après des plaintes de survivants et de familles de victimes de l’attaque de Palma, qui lui reprochent de ne pas avoir assuré la sécurité de ses sous-traitants. Des soldats mozambicains chargés de protéger le site à l’époque ont par ailleurs été accusés d’exactions mortelles sur des villageois, selon des témoignages recueillis par Politico.
TotalEnergies est dans ce cadre visé à Paris par une plainte pour « complicité de crimes de guerre, torture et disparitions forcées », déposée par l’ONG allemande European Center for Constitutional and Human Rights.
Le projet de TotalEnergies, avec celui mené par l’Italien ENI et un autre d’ExxonMobil « pourraient faire du Mozambique un des dix premiers producteurs mondiaux [de gaz], contribuant à 20 % de la production africaine d’ici [à] 2040 », selon un rapport du cabinet Deloitte.










10 commentaires
Le retrait de TotalEnergies de ce projet pourrait-il influencer d’autres investisseurs à se retirer également ?
C’est probable, surtout si les risques restent élevés et que les délais s’allongent.
Ce retrait financier britannique semble souligner les défis de lancer de grands projets gaziers dans des zones à risque.
Pourquoi attendre 2029 pour reprendre la production si les risques persistent ?
TotalEnergies doit évaluer la situation au sol et négocier avec les autorités mozambicaines.
Cette décision du Royaume-Uni montre-t-il une tendance plus large envers les énergies fossiles, ou une réaction isolée aux risques sécuritaires spécifiques ?
Les risques sécuritaires ne sont pas à prendre à la légère, surtout après l’attaque de 2021.
Difficile à dire, mais cela pourrait refléter une prudence croissante face aux projets gaziers dans des zones instables.
Quel impact cette suspension pourrait-elle avoir sur les ambitions énergétiques du Mozambique ?
Cela pourrait retarder le développement économique du Mozambique, qui comptait sur ce projet pour diversifier son économie.