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« Celui qui prend les coups et la foudre, c’est le procureur. » Depuis son vaste bureau, au 20e étage du tribunal judiciaire de Paris, Jean-François Bohnert pointe du doigt le « paratonnerre », qui trône dehors, pour mieux définir son rôle, depuis 2019, à la tête du Parquet national financier (PNF) et de ses 18 magistrats opérationnels, spécialisés dans la délinquance à col blanc (atteintes à la probité, fraude fiscale, infractions boursières).
Le magistrat de 64 ans sort d’une séquence mouvementée, avec la condamnation en première instance, le 25 septembre, pour « association de malfaiteurs », de Nicolas Sarkozy, dans l’affaire des soupçons de financement de sa campagne présidentielle de 2007 par le régime libyen, et l’incarcération de l’ex-chef de l’Etat, durant vingt jours. Il sera remplacé cet hiver par Pascal Prache, actuel directeur des services judiciaires, et deviendra prochainement procureur général près de la cour d’appel de Versailles.
A l’heure du bilan, M. Bohnert veut croire que le PNF, qui traite actuellement 780 procédures pénales, dont une centaine font l’objet d’une information judiciaire, « sort plutôt renforcé » de la séquence libyenne, à l’issue de laquelle le camp Sarkozy a multiplié les attaques. Pour M. Bohnert, « la partie condamnée » a voulu « renverser le sujet ». « Ce qu’a fait le PNF, c’est poursuivre une affaire dans un dossier où il y a des preuves. C’est tout simplement l’exercice de l’Etat de droit, ce n’est pas le gouvernement des juges, déclare-t-il. Il nous appartient de faire notre travail. On ne l’aurait pas fait, on nous aurait lourdement critiqués et à juste titre. »
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14 commentaires
Le départ de Bohnert marque la fin d’un chapitre, mais pas des défis. Le PNF a encore un long chemin à parcourir pour gagner en légitimité.
Absolument. Et avec 780 procédures en cours, la pression ne va pas diminuer de sitôt.
La fraude fiscale et les délits financiers sont des fléaux qui nécessitent une lutte constante. Bien que controversé, le PNF semble remplir son rôle.
Remplir son rôle, oui, mais à quel prix pour les magistrats ? Le témoignage de Bohnert donne une idée des tensions internes.
Peu importe les critiques, le PNF a prouvé sa nécessité dans une société où les abus financiers sont trop fréquents.
Un équilibre difficile à trouver, surtout dans des affaires aussi politisées que celle de Sarkozy.
Necessité, oui, mais il doit aussi convaincre qu’il n’est pas une machine à condamner sur commande.
Une affaire aussi médiatisée que celle de Sarkozy ne peut pas laisser le PNF indifférent. La justice financière est un domaine séminant, mais fragile.
Fragile, surtout face à une opinion publique qui questionne souvent son indépendance. Le PNF marche sur une corde raide.
Un bilan mitigé pour Bohnert, mais reconnaissons l’importance de son travail. La lutte contre la corruption est un combat de longue haleine.
Même si les résultats sont lents, ils sont indispensables pour la transparence financière. Le PNF en est un acteur clé.
Intéressant de voir comment cette affaire libyenne impacte la perception du PNF. Les défis sont immenses pour une institution qui traque les délits financiers.
Une victoire symbolique, mais il reste à voir comment les procédures en cours seront traitées sous le nouveau directeur.
Effectivement, le PNF a montré une certaine résilience malgré les pressions. Mais que penses-tu des critiques sur les moyens alloués ?