Listen to the article

0:00
0:00

En devenant pape le 8 mai, Léon XIV a dû, comme ses prédécesseurs, assumer l’histoire longue et complexe de l’Eglise catholique. L’exhortation apostolique Dilexi te (« Je t’ai aimé »), qui paraît aujourd’hui, constitue le texte inaugural de son pontificat, et marque de quelle manière il s’inscrit dans cette histoire.

D’abord, la continuité avec le pontificat de François est évidente, puisque Léon XIV a complété et publié un texte préparé par son prédécesseur – son titre rappelle d’ailleurs celui de la quatrième et dernière encyclique du pape argentin, Dilexit nos (« Il nous a aimés »).

Surtout, c’est toute l’histoire du christianisme, depuis la Bible hébraïque jusqu’aux dernières décennies, qui est relue par Léon XIV à l’enseigne de l’attention réservée aux plus pauvres. On y croise de grandes figures inspirantes – Augustin d’Hippone, François d’Assise – autant que de multiples chrétiens anonymes, « témoins d’une Eglise qui sort des sentiers battus ».

Cette relecture sert un objectif : le pape appelle l’Eglise catholique à se tenir à la hauteur de sa propre histoire, en vivant un réel engagement prioritaire aux côtés des plus pauvres. Le rapport que le pape entretient avec l’histoire qu’il raconte, dans laquelle il situe l’engagement des femmes autant que celui des hommes, n’est pas neutre : cette histoire, explique-t-il, oblige l’Eglise catholique. Une telle conviction se fraie un chemin entre deux bords opposés, plusieurs fois éreintés dans le texte.

Double dénonciation

D’un côté, l’ultralibéralisme, visé par les réflexions sur l’accumulation de richesses, sur le culte de la réussite individuelle ou la liberté du marché. Les arguments du pape sont moins économiques qu’anthropologiques : il dénonce des croyances illusoires comme le ruissellement des richesses, autant qu’un aveuglement difficile à briser, comme celui qui empêche de s’alarmer d’inégalités qui deviennent des « déséquilibres dramatiques ». On trouve ainsi des propos cinglants sur « la croissance de certaines élites riches qui vivent dans une bulle de conditions très confortables et luxueuses, presque dans un autre monde par rapport aux gens ordinaires ».

Il vous reste 62.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager.

Salle de presse de TheNews.re. Nous couvrons l'actualité réunionnaise et internationale avec rigueur et objectivité. Notre mission : informer les citoyens avec des analyses approfondies sur la politique, la société, l'économie et la culture.

17 commentaires

  1. Chloé Moreau le

    Ce texte pourrait marquer le début d’un nouveau chapitre pour l’Eglise, centré sur la justice sociale. Le monde en a bien besoin en ces temps incertains.

  2. Camille Richard le

    Encourager l’Eglise à s’engager davantage aux côtés des défavorisés est louable. Reste à savoir comment les fidèles et les institutions vont réagir à cet appel.

  3. Camille Bernard le

    Relire l’histoire du christianisme sous l’angle de la solidarité envers les pauvres est une initiative courageuse. Espérons que ces paroles se traduisent en actes concrets.

  4. Luc C. Robert le

    Un message politique, vraiment ? Plutôt une exhortation morale avec des implications politiques. C’est toute la nuance qu’il faut saisir.

  5. Claire Robert le

    L’évocation de figures historiques comme Augustin et François d’Assise renforce le message. Une belle manière de mêler tradition et engagement contemporain.

  6. Louis E. Robert le

    La mention des chrétiens anonymes invite à refléter sur l’humilité et le service. Un rappel salutaire dans un monde souvent obsédé par les apparences.

  7. Claire Durand le

    Un pape qui s’adresse aussi directement à la société civile et aux dirigeants politiques, voilà qui est rare. Souhaitons que cela ait un impact réel.

  8. Antoine Bernard le

    Ce message politique du pape Léon XIV semble marquer un tournant dans son approche pastorale, en insistant sur les pauvres. Intéressant de voir comment il s’inspire du pape François.

Laisser une réponse