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Curieux débat français que celui sur la dette, qui semble se focaliser sur un chiffre brut de décoffrage : l’Etat doit désormais 3 400 milliards d’euros à ses créanciers. Ce genre de montant, sorti de tout contexte, n’a pourtant guère de sens. La France se porterait-elle mieux si celui-ci s’élevait à 3 200 milliards ? Ou à 3 700 milliards ?
Un chiffre un peu plus parlant consiste à rapporter ce montant à la production annuelle de l’économie française : la dette s’élève actuellement à 115,6 % du produit intérieur brut (PIB). Mais là encore, il suffit de regarder le verdict des marchés financiers pour comprendre qu’il s’agit d’une indication très incomplète de la situation. L’Italie a une dette nettement supérieure (138 % du PIB) et pourtant, elle emprunte exactement au même taux d’intérêt que la France, à 3,6 %. La Grèce a une dette encore plus lourde (152 % du PIB) mais elle emprunte… moins cher, à 3,4 %.
Le débat caricatural qui secoue la France oublie que la dette est une dynamique, pas simplement une addition des déficits passés. Les marchés financiers ne jugent pas le stock de dette, mais sa trajectoire, pour s’assurer que le pays est capable de continuer à rembourser ses intérêts.
Croissance atone
Or, à ce jeu, trois variables sont à prendre en compte : le déficit bien sûr, mais aussi la croissance et les taux d’intérêt. La première est en permanence au cœur du débat politique. Mais les deux autres semblent avoir été largement oubliées, ce qui est une erreur.
La croissance en particulier mériterait débat. Elle sera atone en 2025, autour de 0,7 %. Il est évidemment très difficile de contenir la dette dans ces conditions : une croissance affaiblie réduit mécaniquement les rentrées fiscales.
La question est pourtant largement absente des discussions politiques. Quel projet économique proposent les partis ? Comment comptent-ils relancer la machine productive française ? On a beau écouter attentivement, il est difficile d’entendre la moindre réponse.
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14 commentaires
La dette publique est un sujet complexe, surtout quand on compare simplement les chiffres entre pays. Les marchés financiers regardent la capacité de remboursement, pas juste le montant.
Exactement. La Grèce emprunte à taux inférieur malgré une dette plus élevée, comme le souligne l’article. Le contexte compte autant que le chiffre brut.
Les déficits passés ne doivent pas être le seul critère. La dynamique économique et la confiance des investisseurs jouent un rôle clé.
Intéressant de voir que l’Italie et la Grèce empruntent à des taux comparables, voire inférieurs, malgré des dettes plus élevées. Ça remet en question les discussions en France.
C’est cela. La perception des risques par les marchés est bien plus nuancée que ce qu’on laisse croire.
Les chiffres comme 3 400 milliards d’euros sont impressionnants, mais sans contexte, ils n’ont pas vraiment de sens. L’analyse doit être plus fine.
Un pays peut avoir une dette importante, mais si son économie est saine, les bâtiments financiers ne s’alarment pas.
C’est pour cela qu’il faut toujours regarder le rapport dette/PIB, même si ce n’est pas non plus la réponse ultime.
Le débat sur la dette en France semble oublier que la trajectoire compte plus que le stock. Les investisseurs s’intéressent à la capacité future de remboursement.
Tout à fait. Un pays avec une croissance forte peut gérer une dette élevée, contrairement à ce qu’on nous serine trop souvent.
L’article rappelle que la dette publique n’est pas un simple addition de chiffres, mais une question de dynamique économique. Bonne analyse.
Exactement. Trop souvent, on réduit le débat à des nombres sans tenir compte du contexte économique global.
La comparaison avec l’Italie et la Grèce montre que la France a peut-être moins de souci à se faire qu’on ne le dit. La dette, c’est une question de gestion, pas de panique.
Les marchés financiers savent faire la différence entre une dette gérable et un risque réel. La France semble être dans le premier cas.