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Savoir s’adapter au pays hôte de la Coupe du monde de football est l’une des principales qualités de Gianni Infantino, le puissant président de la Fédération internationale de football (FIFA). Chacun a encore en tête sa longue anaphore prononcée en novembre 2022, lors du lancement de la précédente édition qui avait lieu au Qatar. Pour répondre aux nombreuses critiques adressées au pays organisateur, notamment sur son manque de tolérance et les conditions de travail des ouvriers sur les chantiers du Mondial, le Suisse s’était déclaré arabe, africain, gay, handicapé, travailleur migrant, suscitant de nombreux quolibets.
Le 5 décembre à Washington, lors du tirage au sort de la prochaine Coupe du monde organisée aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique, du 11 juin au 19 juillet 2026, il n’y a pas eu d’ode au vivre-ensemble. Pragmatique, M. Infantino a pensé que, cette fois, une telle déclaration ne serait pas forcément du goût de son nouvel hôte, Donald Trump.
Pour le président des Etats-Unis, qui est en guerre contre les migrants, qui se montre méprisant vis-à-vis de l’Afrique et qui n’hésite pas à se moquer des handicapés, le président de la FIFA a su innover en organisant une grotesque remise d’un « prix de la paix », créé pour l’occasion, afin de s’attirer les bonnes grâces de celui qui rêve de devenir un jour Prix Nobel. « Monsieur le président, vous méritez ce premier prix pour ce que vous avez accompli et obtenu », a déclaré le patron de la FIFA. Celle-ci a salué dans un communiqué ses « efforts infatigables (…) pour unir les gens dans un esprit de paix ». Comme dirait Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, « où trouve-t-il toute cette énergie ? ».
Le plus grand événement sportif mondial débute donc sous le signe de l’allégeance politique, oubliant, à l’occasion, l’obligation de neutralité inscrite dans les statuts de la FIFA. L’organisation de défense des droits humains, FairSquare, a d’ailleurs saisi la commission d’éthique de l’instance internationale. Elle estime qu’en soutenant l’agenda politique de M. Trump, M. Infantino menace « l’intégrité et la réputation du football et de la FIFA elle-même ».
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14 commentaires
Washington, l’Arabie saoudite ou le Qatar, peu importe, la FIFA find la forme de se mimer à chaque culture. Dommage pour la crédibilité.
C’est cette flexibilité qui fait douter de l’intégrité de l’institution.
Le football devient de plus en plus une vitrine économique. Les valeurs sportives semblent prendre le second plan.
C’est le reflet d’une période où le profit primer sur l’idéologie.
Le Mondial 2026 promet d’être une enceinte de business avant tout. Les sponsors vont probablement dicter plus de règles que la FIFA.
C’est une analyse pertinente, l’argent règne désormais en maître dans le football.
La Coupe du monde 2026 risque d’être un véritable laboratoire à décideurs politiques. Le football perd son âme peu à peu.
Le business a clairement pris le pas sur le sport. Triste réalité.
Le football était censé être un évènement universel, pas un outil politique.
Infantino sait naviguer dans les eaux troubles des relations internationales. Son pragmatisme est impressionnant, même s’il frôle souvent l’hypocrisie.
Ses déclarations choquantes au Qatar étaient en partie du cinéma, mais elles ont servi à apaiser les critiques.
Intéressant de voir comment la FIFA adapte son discours en fonction des pays hôtes. Cela soulève des questions sur l’authenticité de leurs déclarations.
Effectivement, cela ressemble plus à une stratégie qu’à une conviction.
La politique influence de plus en plus le sport, c’est dommage.