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Qui veut la mort du Centre national des arts plastiques (CNAP) ? Depuis la publication d’un rapport peu amène de la Cour des comptes, le monde de l’art contemporain s’angoisse du démantèlement possible de l’établissement. Oubliant que ladite Cour avait produit un premier rapport critique dès 1996, il engage le combat sur le terrain politique. La présidence aurait été partiale, loin de la neutralité demandée au corps des magistrats. Force est de noter que le référé adressé au premier ministre et la demande d’arbitrage sont inhabituels.
Pour autant, écarter d’un revers de main les remarques formulées par la Cour expose à un autre type de discrédit : celui sur un monde de l’art portant des œillères vis-à-vis des maux qui le traversent. Et ce ne sont pas l’absence de réponse de la direction du CNAP ni la réponse sibylline de la ministre de la culture, qui ne s’accorde que sur des changements minimes sans interroger le modèle du centre, qui prêchent en faveur du maintien. Elles démontrent seulement, s’il le fallait encore, le peu de capacité de nos dirigeants à penser au-delà de l’existant.
On peut s’opposer à la recommandation de suppression du CNAP ; il convient cependant de reconnaître que le rôle de l’établissement gagnerait à une redéfinition, tant il diffère de celui des autres centres nationaux en exercice – du cinéma et de l’image animée, du livre ou de la musique. Si le CNAP a vu ses attributions élargies, notamment grâce à la gestion des aides d’urgence en 2020-2021, sa mue n’a pas été complète, freinée par une vision obsolète des arts visuels qui fait de la vente d’œuvres l’alpha et l’oméga de la rémunération des artistes, alors que leurs revenus proviennent aujourd’hui d’une multiactivité. Le modèle du CNAP centré sur une collection à enrichir est ainsi en retard sur l’évolution économique de son champ d’intervention. Qu’il ait mis en place de nombreuses aides directes laisse penser qu’il a pris acte de cet archaïsme.
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7 commentaires
Les critiques de la Cour des comptes sur le CNAP soulèvent des questions légitimes sur l’efficacité de son modèle de financement. Est-ce vraiment viable à long terme ?
Le problème n’est pas la subvention publique, mais sa gestion opaque et inefficace.
Cela dépend des réformes possibles, mais garder le statu quo semble effectivement risqué.
La réponse timide de la ministre de la Culture montre un manque de vision pour l’avenir du CNAP. Dommage, car une réforme courageuse serait nécessaire.
Exactement, il faut soit transformer en profondeur, soit accepter l’échec du modèle actuel.
La défense un peu trop passionnée du CNAP par certains acteurs montre peut-être une peur du changement plus qu’une volonté de progrès.
La peur de perdre des privilèges ? Possible, mais les remontrances de la Cour méritent une vraie réflexion.