Le Groenland, une île dont l’histoire est marquée par la convoitise

Livre. La chercheuse australienne Elizabeth Buchanan raconte la trajectoire historique et géopolitique du Groenland, un territoire devenu l’un des points chauds du XXIᵉ siècle dans Alors, tu veux acheter le Groenland… (Saint-Simon, 138 pages, 21,80 euros). La spécialiste des enjeux géopolitiques explique pourquoi cette immense île arctique suscite un intérêt croissant de la part des grandes puissances, en particulier des Etats-Unis.

L’autrice retrace tout d’abord l’histoire longue de cette « terre verte », depuis l’arrivée de l’explorateur norvégien Erik le Rouge au X^e siècle jusqu’à son arrimage au sein du royaume de Danemark par le traité de Kiel en 1814. Mais déjà la convoitise américaine est là : bien avant Donald Trump, les Etats-Unis avaient tenté d’acquérir le Groenland juste après avoir acheté l’Alaska en 1867. Si ces tentatives ont toutes échoué pour l’instant, elles montrent que Washington n’a jamais cessé de considérer l’île comme faisant partie de leur sphère d’influence. L’autonomie accordée par le Danemark en 2008 survient alors que l’impérialisme revient hanter la planète.

C’est de fait la flambée des marchés après la victoire de Donald Trump, en 2024, qui a remis le Groenland au cœur des spéculations. Derrière la rhétorique provocatrice du président américain – allant jusqu’à évoquer une annexion – se cache un clair calcul économique et géopolitique. Trump et ses conseillers mettent en avant la sécurité nationale, l’accès aux minerais critiques, les nouvelles routes maritimes ouvertes par la fonte de la banquise et le rôle crucial de la base américaine spatiale de Pituffik. Si Elizabeth Buchanan juge peu probable une prise de contrôle militaire, elle estime plausible un renforcement massif de la présence américaine et un regain d’investissements étrangers.

Différents scandales

Elle insiste également sur le contexte interne de cette île, grande comme quatre fois la France. Les relations entre Copenhague et Nuuk restent en effet tendues, après les révélations sur les différents scandales qui ont éclaboussé la politique danoise conduite envers les populations autochtones dans la seconde moitié du XX^e siècle : que ce soit l’expérience dite « des petits Danois », où de nombreuses familles inuites se sont vu retirer la garde de leurs enfants par les services sociaux danois, puis les campagnes forcées de contraception. Cette maltraitance a réveillé un désir d’indépendance. Aujourd’hui, elle apparaît comme la trajectoire la plus évidente, mais ses modalités restent floues.

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