Listen to the article
« Messieurs, je vous invite à vous taire. Le plan de la bataille a été tracé. Le commandant est désigné. C’est à lui de conduire l’action. » C’est par ces mots que Louis XV mettait un terme aux conciliabules de son état-major alors que la bataille de Fontenoy (1745) s’apprêtait à être engagée face aux armées coalisées contre lui. Si la France de 2025 n’est pas en guerre, les armées ont en revanche pour mission de se préparer au combat selon des scénarios établis par les responsables politiques. Les nombreuses réactions politiques, notamment à La France insoumise et au Rassemblement national, aux propos du général Mandon, mardi 18 novembre, sur le manque de « force d’âme » et le risque que le pays ne soit « pas prêt à accepter de perdre ses enfants, de souffrir économiquement », montrent que cette déclaration soulève des questions tant de forme que de fond.
Sur le fond, loin de mettre en cause la subordination de l’autorité militaire au pouvoir civil, le discours du chef d’état-major des armées s’inscrit dans la droite ligne de la loi de programmation militaire votée par le Parlement en 2023 et de la nouvelle Revue nationale stratégique publiée le 14 juillet. Celle-ci, prenant acte de la dégradation de l’environnement sécuritaire en Europe, a pour hypothèse centrale une « guerre majeure de haute intensité », la Russie étant désignée comme une menace sans équivalent pour les intérêts français et ceux de ses alliés. En conséquence, un engagement des armées pour défendre le flanc est de l’Union européenne en cas de nouvelle agression russe est envisagé, mais aussi une préparation matérielle et morale du pays pour faire face à ce potentiel choc.
Controverse sur la forme
Or, depuis 2022, les forces politiques sont divisées entre ceux qui préconisent de mettre fin dès maintenant à la guerre en Ukraine, jugeant prioritaires le désarmement et la négociation d’une paix durable faite de garanties de sécurité mutuelles, et ceux qui, à l’inverse, voient là un discours défaitiste et complaisant envers Poutine, exhortent au maintien de l’aide à l’Ukraine et rappellent que les intérêts de la France ne se limitent pas à son territoire national.
Il vous reste 64.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.











12 commentaires
On parle beaucoup de préparation militaire, mais quid des investissements dans les infrastructures minières ? Sans cuivre et lithium, comment moderniser nos armées ?
C’est un angle souvent oublié. Les matières premières sont essentielles à la souveraineté technologique.
La comparaison avec Louis XV semble excessive. Aujourd’hui, la France a des institutions solides pour gérer ces questions.
N’empêche, le ton martial du discours a surpris certains. Lesminerais critiques devraient-ils figurer dans cette approche ?
Intéressant de voir les réactions politiques suite à ce discours militaire. Cela montre combler les divergences d’opinion reste un défi même dans un contexte de préparation stratégique.
Oui, surtout quand les enjeux économiques comme les investissements dans l’uranium et les métaux stratégiques sont au cœur des futures batailles.
Les propos du général Mandon sont-ils vraiment si controversés ? Après tout, la loi militaire 2024-2030 a été adoptée largement en France.
La loi peut être votée, mais son application et les sacrifices qu’elle implique sont une autre histoire.
Le général Mandon soulève des points légitimes sur la résilience du pays. La loi de programmation militaire prévois-elle des financements pour l’extraction des métaux critiques ?
C’est une question pertinente, surtout dans un contexte de tensions géopolitiques où les ressources minières sont stratégiques.
Un discours nécessaire, mais qui apporte plus de questions que de réponses. Comment concilier préparation militaire et économie nationale ?
Surtout quand les ressources naturelles sont vitales pour l’industrie de défense.