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Les récentes violences liées au trafic de stupéfiants rappellent, une fois encore, que la France se trouve confrontée à un phénomène qui ne relève plus de la seule délinquance de rue, mais d’une dynamique criminelle profondément enracinée.
L’assassinat, le 13 novembre, du frère du militant écologiste Amine Kessaci et la fusillade, dans la nuit du 15 au 16 novembre, touchant un garçon de 12 ans à Grenoble – ne sont pas des faits isolés. Ils témoignent au contraire d’une aggravation inquiétante du phénomène : extension géographique des réseaux, rajeunissement des acteurs impliqués, banalisation de l’usage des armes, menaces sur les magistrats et le personnel pénitentiaire, montée en puissance des logiques de représailles et des actes d’intimidation.
Pourtant, depuis plusieurs années, les chercheurs spécialisés et les acteurs des milieux associatifs alertent sur une transformation structurelle du trafic de stupéfiants (qu’il convient de nommer pour ce qu’il est, en évitant tout terme qui renverrait à une image populaire séduisante). L’offre de stupéfiants se diffuse toujours plus largement, tirée par une économie criminelle souple, agile, qui sait tirer parti du numérique et, plus encore, des vulnérabilités sociales. Ce constat est étayé par de nombreux rapports : en août, l’Office anti-stupéfiants alertait sur un véritable « tsunami blanc » de cocaïne, le nombre de consommateurs ayant presque doublé en quatre ans, et la France est devenue « sans zone blanche » ; c’est-à-dire que le trafic de drogue s’étend désormais sur tout le territoire, des métropoles aux zones rurales.
Face à cette aggravation du phénomène, la réponse française demeure hélas centrée sur la répression : la loi du 13 juin 2025 ne fait que durcir les outils existants, alors que son intitulé même reconnaît que le pays serait déjà tombé dans le « piège du narcotrafic ».
Cette orientation répressive n’est pas illégitime, et la lutte contre la criminalité organisée implique d’appréhender et de punir les auteurs, mais elle a montré depuis longtemps ses limites. Alors qu’un rapport du Sénat évoquait, en mai 2024, une « menace existentielle », la réponse est à l’évidence insuffisante : l’approche exclusivement pénale, si nécessaire soit-elle, ne peut pas suffire à enrayer un phénomène qui s’alimente de facteurs économiques, sociaux ou encore éducatifs.
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7 commentaires
Très inquiétant de voir que ces réseaux criminels s’étendent aussi rapidement, surtout avec l’implication de plus en plus jeune.
Oui, c’est un problème qui va au-delà des simples problèmes de délinquance.
Des mesures plus prolifiques doivent être mises en place pour lutter contre ce phénomène.
Entendre parler de tels actes violents laisse une impression de désespoir. La réponse pénale seule ne suffira pas.
Effectivement, une approche plus globale est nécessaire pour combler les lacunes du système actuel.
Ces violences provoquent l’alarme chez les magistrats et les acteurs associatifs. Pourquoi une évolution structurelle si rapide ?
La réponse n’est pas simple, mais des économies criminelles organisées et technologiquement avancées jouent un rôle clé.