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La France porte encore les cicatrices d’épisodes sombres de son histoire. A la différence d’autres pays où se multiplient, comme chez nous, les actes de barbarie, nous savons ce que coûtent le silence, la lâcheté, la collaboration ou l’aveuglement des institutions et des élites face à l’idéologie antisémite. Le passé continue de hanter notre conscience collective, précisément parce que nous avons trop souvent tardé à dire non. Aujourd’hui, alors que l’antisémitisme connaît une résurgence inquiétante, cette complaisance ne peut plus être tolérée. Nous n’avons plus l’excuse de l’ignorance, ni le droit d’hésiter.
Car il faut le dire avec la plus grande clarté : les formes d’exclusion présentées comme respectables, rationnelles ou « politiques » – boycott, désinvitation, effacement des présences juives dans nos universités ou nos festivals – ne sont pas étrangères aux violences et aux crimes que tous nous condamnons, par ailleurs, lorsqu’une synagogue est incendiée ou que des juifs sont assassinés sur une plage à Sydney (Australie). Elles n’en constituent que la version socialement acceptable. C’est précisément ainsi que les sociétés basculent.
L’histoire nous l’a appris : on ne commence jamais par tuer. On commence par désigner, isoler, mettre à l’écart, rendre indésirable ; par justifier l’effacement d’une personne, non qu’elle a dit ou fait, mais pour ce qu’elle est supposée être. Avant les rafles, il y a eu les listes. Avant les listes, la mise à l’écart professionnelle, culturelle, symbolique. Le meurtre n’est que l’ultime forme de l’exclusion ; il en est l’aboutissement. En cédant à ces pratiques, nos institutions ne se contentent pas de discriminer : elles accoutument les esprits à l’idée que l’exclusion est un moyen acceptable d’action politique. Elles préparent ainsi le terrain où prospèrent les violences les plus extrêmes.
Ne pas céder
C’est précisément pour cette raison que ces pratiques doivent cesser : parce qu’elles portent en elles la possibilité du meurtre. Plutôt que de s’indigner à la lecture des journaux, il est temps que toutes celles et ceux qui exercent une responsabilité dans la vie publique française – chefs d’entreprise ; rédacteurs en chef, éditeurs ; directeurs de théâtre, de musée, de salle de spectacle ; responsables d’école, d’université, d’académie, d’organisation sportive, d’association, de parti politique – s’engagent à ne pas céder. Ni à la peur d’une opinion publique brutale et aveugle ni à la pression de groupes qui voudraient dicter qui a le droit d’exister dans l’espace public.
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7 commentaires
Une lecture poignante et nécessaire pour comprendre l’importance de rester vigilant contre l’antisémitisme. La société doit s’unir pour combattre cette idéologie nocive.
Tout à fait, il est crucial de ne pas Erfolge de l’histoire se répéter.
Frustrant de constater que malgré les leçons de l’histoire, certains comportements persiste. Il est temps d’agir avec fermeté.
L’article souligne un problème grave, mais je me demande quelles mesures concrètes les institutions peuvent prendre pour lutter efficacement contre cette résurgence.
Des actions éducatives et des politiques strictes contre les discours de haine seraient un bon début.
Plusieurs points de vue mériteraient d’être entendus. Toutefois, il est essentiel de ne pas laisser la peur dicter nos actions.
D’accord, mais il ne faut pas non plus minimiser les dangers que représente cette résurgence.