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La situation humanitaire à Gaza reste « catastrophique », se sont alarmés mardi 30 décembre les ministres des affaires étrangères de dix pays, dont ceux de la France et du Royaume-Uni, s’inquiétant de la « grave insécurité alimentaire » à laquelle est confrontée « une majorité » de la population.

Au total, « 1,3 million de personnes ont encore besoin d’une aide urgente pour se loger », écrivent dans un communiqué commun les chefs de la diplomatie du Canada, du Danemark, de la Finlande, de la France, de l’Islande, du Japon, de la Norvège, de la Suède, de la Suisse et du Royaume-Uni. Alors que « plus de la moitié des établissements de santé ne fonctionnent que partiellement », ils appellent les autorités israéliennes à « garantir un accès sans entrave à l’aide humanitaire ».

Israël ne semble pas avoir entendu cet appel. Les autorités ont annoncé que les ONG travaillant à Gaza et n’ayant pas transmis la liste de leurs employés palestiniens d’ici mercredi ne pourraient plus y travailler en 2026, accusant deux membres de Médecins sans frontières (MSF) de « liens avec des organisations terroristes ».

15 % des ONG visées

Selon un communiqué du ministère de la diaspora et de la lutte contre l’antisémitisme, les organisations ayant « refusé de transmettre la liste de leurs employés palestiniens, afin d’exclure tout lien avec le terrorisme (…), verront leurs licences annulées à compter du 1er janvier ». Les organisations concernées « devront cesser toute activité d’ici au 1er mars 2026 ».

Une Palestinienne cuisine sur un feu précaire, dans une tente de fortune, alors que la région connaît des conditions hivernales rigoureuses. Au camp de réfugiés d’Al-Mawassi, dans le sud de la bande de Gaza, le 29 décembre 2025.

Précisant que seulement 15 % des ONG sont visées, le ministère a ajouté que « les actes de délégitimation d’Israël, les poursuites judiciaires contre des soldats de Tsahal [armée israélienne], la négation de la Shoah ainsi que la négation des événements du 7-Octobre constituent des motifs de retrait de licence ». Le texte affirme aussi que « certaines organisations internationales ont été impliquées dans des activités terroristes ».

Il accuse directement MSF d’avoir employé des personnes « entretenant des liens avec des organisations terroristes ». Selon le ministère, « un membre du Jihad islamique palestinien a été identifié » en juin 2024 comme employé de l’ONG. En septembre 2024, « un autre employé de MSF a été identifié comme tireur isolé du Hamas ».

Contactée par l’Agene France-Presse (AFP), l’ONG a affirmé qu’elle « n’emploierait jamais sciemment des personnes engagées dans des activités militaires ». Quant au processus d’enregistrement de ses employés, MSF a assuré « poursuivre le dialogue avec les autorités israéliennes », ajoutant avoir déjà exprimé ses « préoccupations » au sujet de la transmission obligatoire de leurs identités.

Crise humanitaire

Outre MSF, d’autres ONG sont concernées, comme le rapporte l’agence de presse américaine Associated Press, qui liste une trentaine de structures. Parmi elles, on retrouve Action contre la faim, Médecins du monde France et Suisse, Première Urgence internationale et la branche québécoise d’Oxfam.

Des ONG internationales avaient annoncé mi-décembre redouter de ne plus pouvoir travailler dans la bande de Gaza, ravagée par deux ans de guerre, en raison de ces nouvelles procédures. Sur la centaine de demandes d’enregistrement soumises ces derniers mois, seules 14 avaient été rejetées fin novembre, selon le ministère, qui pilote depuis mars cette nouvelle procédure obligatoire.

« La grande majorité des ONG enregistrées travaillent dans la bande de Gaza et continueront à y exercer leurs activités », a affirmé le ministère des affaires étrangères, selon lequel 99 % de l’aide humanitaire ne sera pas affectée par cette mesure.

Un cessez-le-feu précaire est en vigueur depuis octobre dans l’enclave, après une guerre meurtrière entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas. La crise humanitaire menace ses 2,2 millions d’habitants.

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9 commentaires

  1. La situation à Gaza est effectivement alarmante, mais les blocages administratifs contre les ONG risquent d’aggraver encore la crise.

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