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La genèse de la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc) est une saga qui propulse l’action de l’Etat à des sommets jamais atteints de comique involontaire. Depuis de nombreux mois, la seule mention de la Snanc en conférence de rédaction par les journalistes spécialisés est, au Monde comme dans d’autres médias, un motif de plaisanteries et de rires nerveux.
La Snanc, plus personne n’y croit : la loi climat de 2021 disposait que ce texte devait être publié au plus tard le 1er juillet 2023, afin d’orienter les politiques publiques en matière d’alimentation, de nutrition et de lutte contre le réchauffement. Prise dans des conflits entre administrations où, jusqu’à présent, les exigences de l’industrie agroalimentaire l’ont emporté sur l’intérêt général, elle n’a cessé d’être annoncée plus ou moins formellement par les gouvernements qui se sont succédé depuis trois ans. Sans jamais parvenir à voir le jour.
Le dernier épisode de la saga surpasse en intensité dramatique tous les événements précédents. Jeudi 27 novembre, un briefing téléphonique est accordé aux journalistes et un déplacement de trois ministres (agriculture, écologie et santé) est annoncé pour le lendemain, à 12 heures, afin de présenter la Snanc. Cette fois-ci, c’est la bonne ! Quelques heures plus tard, le déplacement ministériel est annulé sans explications. Le lendemain matin, la cellule investigation de Radio France révèle que le texte que s’apprête à publier le gouvernement a été expurgé d’un objectif visant à « limiter les aliments ultratransformés » – une suppression demandée de longue date par l’Association nationale des industries agroalimentaires (ANIA).
La disparition de cet objectif est d’autant plus embarrassante qu’elle intervient seulement quelques jours après la publication d’une série d’articles de recherche dans la revue The Lancet. Une quarantaine de chercheurs internationaux y enjoignent aux pouvoirs publics d’agir fermement contre l’alimentation ultratransformée, mise en cause dans « l’escalade du fardeau des maladies chroniques ». Explication d’un représentant du ministère de l’agriculture : « Le terme d’aliment ultratransformé ne dispose actuellement pas de définition, ni scientifique ni réglementaire. » C’est la reprise, à l’identique, des éléments de langage de l’ANIA.
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15 commentaires
La Snanc est un bel exemple de manipulation politique masquée par des promesses creuses. Les ministres font du théâtre.
L’inaction est effectivement plus qu’énervante, c’est inquiétant.
Tous ces reports et ces conférences de presse ne servent qu’à gagner du temps. À quand des actes concrets ?
Avec tous ces retards, comment croire encore aux engagements climatiques de la France ? La crédibilité est mise à rude épreuve.
Exactement, les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
La Snanc était censée être une priorité, mais son échec révèle les failles du système français. Dépité.
La delay dans la publication de ce texte montre que la politique est loin d’être à la hauteur des objectifs écologiques affichés.
Malheureusement, les intérêts à court terme prennent le pas sur la vision à long terme.
Peut-être que le vrai problème est que personne ne sait quoi faire avec cette stratégie ? Les pays européens attendent des solutions, pas des reports.
On dirait que chaque gouvernement repousse le problème au lieu de le résoudre. Quand va-t-on enfin voir une vraie stratégie ?
La situation autour de la Snanc montre bien les défis de la gouvernance écologique en France. Comment concilier transition alimentaire et intérêts économiques ?
L’inaction du gouvernement dans ce dossier est effectivement préoccupante.
Exactement, les lobbies ont une influence disproportionnée sur ces dossiers.
C’est regrettable que les administrations soient en conflit alors qu’il s’agit d’un enjeu crucial pour la santé publique et la planète.
Cela reflète un manque de cohérence dans la politique française.