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La santé mentale a été déclarée « grande cause » nationale de l’année 2025. Cela nous invite à penser conjointement le soin, le vivre-ensemble et la santé comme un enjeu global. La « pair-aidance », concept peu connu du grand public, est une voie prometteuse pour y parvenir.
La personne « pair-aidante » a vécu dans sa chair la maladie : elle a acquis un savoir à partir de son expérience et choisit de le mettre au service d’autres personnes dans leur parcours de soins. Il s’agit d’un savoir dit « expérientiel », spécifique, que ni les livres ni les diplômes ne peuvent remplacer. Longtemps disqualifiée ou reléguée aux marges, la pair-aidance trouve aujourd’hui une légitimité nouvelle. Elle ne prétend pas remplacer l’expertise médicale, elle vient la compléter efficacement, la réhumaniser souvent et surtout l’interroger.
Des formes officielles de pair-aidance existent depuis les années 1930 avec les Groupes d’entraide mutuelle (GEM), les Alcooliques anonymes ou encore les mouvements d’émancipation psychiatrique des années 1970. Ces pionniers revendiquaient une liberté de choix et d’action, et refusaient d’être réduits à leur diagnostic. La pair-aidance ne vise pas seulement à « aider » : elle transforme les regards, déstigmatise et redonne un pouvoir d’agir, là où il avait été longtemps confisqué.
Dans les années 2010 en France, notamment avec le programme des « médiateurs de santé pairs », la pair-aidance entre dans les institutions de façon plus visible. La pair-aidance peut être bénévole ou professionnelle, et repose sur une double compétence : le savoir expérientiel et l’acquisition de connaissances théorico-pratiques par le biais de formations. Autrement dit, elle allie le savoir subjectif au savoir objectif, dans une démarche de coopération active avec les équipes de soin.
Savoirs subjectifs et expérientiels
Le monde du soin est fragilisé par des problèmes structurels et économiques, les déserts médicaux mais aussi par l’augmentation des maladies chroniques et l’explosion démographique du grand âge qui va s’accentuer vers 2030-2050 avec les mamies et les papys boomers. La place que l’on accordera à la pair-aidance, notamment dans les territoires, sera cruciale – sans oublier la question du financement de ce salariat.
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13 commentaires
Pourquoi n’a-t-elle pas été adoptée plus tôt si elle est si efficace ? La bureaucratie médicale a-t-elle freiné son développement ?
Probablement, le système médical a parfois du mal à accepter les approches alternatives.
Belle initiative, mais la pair-aidance ne devrait-elle pas être mieux valorisée financièrement ?
C’est un enjeu majeur pour sa pérennité.
Un savoir expérientiel qui a sa place dans le parcours de soins. La médecine a besoin de se diversifier.
Tout à fait, mais il faut aussi former les professionnels à ce type d’accompagnement.
La santé mentale méritait effectivement d’être mise en lumière cette année. Espérons que ce ne soit pas qu’un effet d’annonce.
Les GEM existent depuis longtemps, preuve que le besoin était là.
La pair-aidance réhumanise la médecine, c’est indispensable dans notre système de santé actuel.
Absolument, mais il faut veiller à ne pas mettre trop de poids sur les épaules des pair-aidants.
Intéressant de voir comment la pair-aidance gagne en reconnaissance. Une approche complémentaire utile en santé mentale.
Oui, elle apporte une dimension humaine précieuse là où la médecine peut être froide.
Reste à voir comment elle est intégrée dans les systèmes de soins traditionnels.