La mort du chanteur Jimmy Cliff, qui a popularisé le reggae hors de son berceau jamaïcain

Monument de la musique jamaïcaine, Jimmy Cliff est mort le 24 novembre, à 81 ans, des suites d’une crise d’épilepsie et d’une pneumonie, a annoncé son épouse. Avant Bob Marley, il avait popularisé le reggae en dehors de la Jamaïque grâce à ses premiers tubes, Many Rivers to Cross, en 1969 (repris plus tard par Joe Cocker, entre autres), et The Harder They Come, en 1972, titre d’une chanson et d’un film de Perry Henzell, dont il incarna le personnage principal, faisant de lui la première star internationale du genre. Avec Reggae Night (1983), il maintiendra son statut, quelque peu éclipsé dans les années 1970 par l’aura de Bob Marley, qui, contrairement à lui et ses 34 albums au compteur, a connu une carrière éclair avant son cancer fatal, en mai 1981.

C’est pourtant Jimmy Cliff qui a permis à Bob Marley d’enregistrer deux de ses premières chansons solo, Judge Not ! et One Cup of Coffee, en lui présentant son producteur, Leslie Kong, un marchand de glaces qui avait donné à son petit label le même nom que celui de sa boutique : Beverley’s. Rencontré en 2012 pour la promotion de son trente-troisième album, Rebirth – pour lequel il obtiendra le second Grammy Award du meilleur album reggae de sa carrière –, Jimmy Cliff confiait son amertume et sa jalousie vis-à-vis de Bob Marley et de son groupe, The Wailers : « La première fois que j’ai enregistré un disque, racontait le chanteur alors âgé de 68 ans, on m’a donné 1 shilling [40 centimes de nos euros actuels]. Les Wailers étaient plus chanceux que moi chez Studio One : on leur donnait 2 livres par semaine [50 euros]. Moi, je n’ai eu droit qu’à 1 shilling, et on me chassait d’un geste de la main : “Voilà, écolier, va prendre ton bus.” Ensuite, je suis tombé sur le producteur Leslie Kong. Il était très correct, alors je suis resté avec lui. Je pense que c’est pour ça que j’ai échappé à beaucoup d’arnaqueurs, contrairement à d’autres de mes collègues. » Et lui, en bon camarade, en a fait profiter les autres gamins des rues qui, comme lui, étaient venus de la campagne pour tenter leur chance à Kingston.

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