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Voix feutrée, douce, possiblement fragile, mais yeux iceberg et maxillaires serrés : à ses débuts à l’écran, l’acteur Tchéky Karyo, emporté par un cancer à 72 ans, le vendredi 31 octobre, a comme oscillé entre deux régimes de masculinité, mais aussi de cinéma, d’Eric Rohmer à Luc Besson. En cela, il fut une incarnation des désarrois et hésitations des années 1980, entre mélancolie des illusions perdues et jouissance d’une voracité froide.
De son vrai nom Baruh Djaki Karyo, il est né à Istanbul en 1953, dans une famille de juifs séfarades, dont les aïeux ont fui l’Inquisition espagnole pour l’Empire ottoman : dans le foyer, on parle encore le ladino (qui hybride l’hébreu et le castillan). Le père est turc, la mère, grecque ; jeune fille, elle vivait en France sous l’Occupation, et a réchappé de peu, contrairement à d’autres parents, à la déportation. La famille s’installe à Paris, où le père se fait tailleur et où le futur acteur grandit. « T’es juif, faut pas avoir honte, mais faut pas le crier sur les toits », lui dit le paternel.
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7 commentaires
Quelle perte pour le cinéma français ! Tchéky Karyo incarnait une complexité rare à l’écran, entre force et vulnérabilité. Son héritage culturel et artistique restera inoubliable.
Absolument, son jeu d’acteur était d’une profondeur rare.
Difficile d’oublier son rôle dans Nikita, un mélange parfait de dureté et de sensibilité.
Un acteur qui a marqué plusieurs générations. Espérons que son œuvre continue d’inspirer les futurs talents du cinéma français.
Toujours rester optimiste, mais son absence se fera sentir.
Ses origines familiales en font une figure fascinante, entre exil et résilience. Dommage que l’article soit payant, j’aurais aimé en savoir plus sur son parcours.
C’est vrai, son histoire personnelle méritait d’être mieux racontée.