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La mobilisation des agriculteurs, opposés à la gestion gouvernementale de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et à l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, a connu un léger regain, lundi 22 décembre, après le week-end, et des barrages et manifestations continuent à l’approche des fêtes de fin d’année, notamment dans le Sud-Ouest.
L’abattage de quatre vaches a été ordonné à Saint-Marsal, dans les Pyrénées-Orientales, après la détection vendredi d’un cas DNC, malgré la campagne de vaccination des bovins. La vache contaminée appartenait à un élevage déjà touché par la dermatose, mais dans un groupe distinct de bovins, a précisé la préfecture, qui a confirmé l’abattage.
Cette vache avait été vaccinée, a communiqué « en toute transparence » le ministère de l’agriculture à des journalistes, expliquant qu’une vache peut en effet contracter la DNC lors des trois semaines au cours desquelles le vaccin gagne en puissance, et présenter des symptômes encore plus tard.
Depuis l’apparition de la DNC sur le territoire français, en Savoie l’été dernier, l’Etat tente de contenir la propagation du virus en appliquant trois règles : abattage systématique dès la détection d’un cas, vaccination et restriction de mouvements.
Trente-cinq actions comptabilisées lundi
La mobilisation des agriculteurs, qui contestent cette stratégie d’abattage des troupeaux entiers au moindre cas détecté, a connu un léger regain lundi, avec 35 actions mobilisant 1 200 personnes, selon le ministère de l’intérieur. C’est plus que ce week-end (23 actions dimanche, 50 samedi), mais nettement mois qu’en fin de semaine dernière (110 actions jeudi, 93 vendredi).
Dans la nuit de dimanche à lundi, un nouveau barrage a été levé, à Tarascon-sur-Ariège sur l’axe stratégique de la RN20 entre la France et l’Andorre, après dix jours de mobilisation, tandis que dans les Pyrénées-Atlantiques, seule la fin de l’abattage total pourra faire quitter aux agriculteurs leur campement installé sur l’A64 à hauteur d’Urt, à 15 kilomètres de Bayonne, également depuis dix jours.
A l’autre extrémité de l’A64, à Carbonne, près de Toulouse, une petite foule d’agriculteurs s’est encore pressée sur le barrage décoré de sapins aux branches desquelles pendaient des cartouches vides de gaz lacrymogène, tirées selon les agriculteurs autour de la ferme ariégeoise d’où la colère agricole est partie.
La circulation a toutefois encore été entravée lundi, notamment sur l’A63 près de Bordeaux, sur l’A64 entre Toulouse et Bayonne, ou encore sur l’A75 Clermont-Béziers en Lozère et dans l’Aveyron, selon des représentants syndicaux joints par l’AFP. A Cestas (Gironde), une trentaine d’agriculteurs poursuivent le blocage sous l’échangeur de l’A63. Malgré les appels du gouvernement à une « trêve » à l’approche des fêtes, de nouvelles actions fleurissent encore. A Reims, une vingtaine de tracteurs et une trentaine d’agriculteurs étaient mobilisés lundi matin sur un barrage filtrant, distribuant du lait aux automobilistes.
Vaccinations d’ici à la mi-janvier
Lundi, une cellule de dialogue entre scientifiques et représentants agricoles d’Occitanie a tenu à Toulouse une deuxième réunion d’échanges autour du protocole de gestion de la crise de DNC. « Ça va à deux à l’heure », a fustigé Bertrand Loup, affirmant que cette cellule ne pourrait permettre de modifier le protocole qu’au plus tôt en janvier. « Des cas [de DNC], il peut y en avoir tous les jours, et on se donne du temps dans l’urgence, c’est hallucinant », a-t-il poursuivi.
Depuis le début de l’épidémie, en Savoie cet été, l’Etat tente de contenir la propagation du virus en se fondant sur « trois piliers » : l’abattage systématique dès la détection d’un cas, la vaccination et la restriction de mouvements.
Les bovins situés dans une zone couvrant dix départements du Sud-Ouest − Ariège, Aude, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Hérault, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Pyrénées-Orientales et Tarn − doivent être vaccinés d’ici à la mi-janvier.
Mardi, le leader de la contestation menée au sud de Toulouse, Jérôme Bayle, doit être reçu en fin d’après-midi par le préfet. Si celui-ci demande de retirer le barrage sur l’A64, « on ira manifester à Toulouse, et le mouvement s’élargira », a-t-il promis.







10 commentaires
La vaccination, si elle est bien appliquée, devrait finalement permettre de contrôler la situation, même si les résultats ne sont pas immédiats.
La persistance des manifestations agricoles montre que les tensions ne sont pas encore résolues, malgré les efforts gouvernementaux.
Le marchandage entre liberté de production et santé publique reste un dilemme complexe.
Vraiment, les solutions proposées semblent insuffisantes pour apaiser les craintes des éleveurs.
Cette crise sanitaire pourrait-elle avoir un impact durable sur la confiance en l’élevage français ?
Le timing des mesures sanitaires, à l’approche des fêtes, laisse penser que le gouvernement ne voulait pas alourdir le climat économique.
C’est une question de priorités, effectivement.
Un cas de DNC suffit à déclencher une décision d’abattage, ce qui est gênant pour l’économie locale mais nécessaire sanitairement.
Les agriculteurs ont peut-être eu raison d’insister, tant que l’accord Mercosur n’est pas définitivement acté.
Les mesures d’abattage systématique sont-elles vraiment la meilleure réponse à cette épidémie ?