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A deux pas de la station de métro Goncourt, dans le 10e arrondissement de Paris, à portée de rumeur du canal Saint-Martin et de ses apéros qui débordent, juste à côté du Transfo, l’espace d’art d’Emmaüs Solidarité, une nouvelle institution culturelle s’apprête à ouvrir, samedi 4 octobre : la Maison des mondes africains, alias MansA, un nom à double fond, fusion de mansio – « habitation » en latin – et de Mansa Moussa, souverain malien du XIVe siècle. Financé à hauteur de 9 millions d’euros par le ministère des affaires étrangères et celui de la culture, ce lieu hybride se veut vitrine pour les artistes, tribune pour des débats sans filtre et tremplin pour les jeunes entrepreneurs afro-descendants.
Plutôt qu’un coup d’éclat spectaculaire, la MansA mise pour son baptême du feu sur la relève : exit les têtes d’affiche, place à une jeune artiste française, Roxane Mbanga, 29 ans, née d’un père camerounais et d’une mère guadeloupéenne. « C’est le signal qu’on est sur les voix émergentes qu’on veut accompagner et avec lesquelles on veut grandir, explicite sa directrice, Liz Gomis. Roxane est la bonne personne à qui confier les clés : elle est douce, gracieuse, apaisante. Elle donne envie de rentrer. L’exposition s’appelle “Noires”, mais ce n’est que joie et couleur. »
Un couloir éclatant de papiers peints fluo, mêlant paysages de la Guadeloupe et de Ouidah, au Bénin, et scènes de rue au Congo, où des mains de femmes tressent des cheveux, mène à un salon. C’est là où Roxane Mbanga, présente tout au long de l’exposition du 3 (date de son vernissage) au 26 octobre, recevra les visiteurs. « “Noires”, c’est un projet commencé en 2019, une maison rêvée, qui voyage d’espace en espace, de ville en ville, et s’agrandit au fur et à mesure », raconte la volubile artiste, qui avait déjà exposé une première version en 2024 à la Fondation H, à Paris. Habité par les voix, les silences, les mémoires, cet espace, la jeune femme l’a pensé comme un lieu d’hospitalité pour « les personnes qui [lui] ressemblent, qui ont pu vivre ou subir des manques, des gens qui ne se retrouvent pas dans les institutions de la ville ».
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11 commentaires
Intéressant de voir une institution culturelle se concentrer sur la jeunesse plutôt que sur les stars établies. Une approche rafraîchissante.
Peut-être que cela manquera un peu de prestige, mais l’important est de soutenir les nouveaux artistes.
Oui, c’est une belle initiative pour donner une visibilité à de nouveaux talents.
Dommage que l’article ne mentionne pas le programme détaillé des événements prévus pour l’ouverture.
La référence à Mansa Moussa est un bel hommage à l’histoire africaine. Un nom qui résonne avec puissance.
Oui, un choix symbolique fort pour une institution qui se veut Africa-centrée.
9 millions d’euros pour ce projet, c’est un investissement conséquent. J’espère qu’il portera ses fruits.
L’argent public doit être utilisé pour des projets qui ont un impact réel sur la culture.
Avec un tel budget, on peut effectivement attendre beaucoup de ce lieu.
Pourquoi mettre en avant une jeune artiste inconnue plutôt qu’un nom reconnu ? La valeur de l’expérience compte, non ?
Précisément pour éviter de tomber dans le piège de l’institutionnalisation.