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Un tableau disparu de l’artiste polonais juif Jecheskiel David Kirszenbaum, rare témoignage des camps de travail français sous l’Occupation, sera restitué à la France, représentée par le Centre national des arts plastiques (CNAP), a annoncé jeudi 23 octobre cet opérateur du ministère de la culture.
Intitulé Les Internés de Saint-Sauveur (1941), le tableau, « recherché depuis des années, a pu être localisé à Salzbourg au Musée d’art de la génération perdue [Museum Kunst der Verlorenen Generation] qui a souhaité le restituer à l’Etat français », précise le CNAP dans un communiqué. Il « sera exposé au musée de Salzbourg pendant cinq ans avant de trouver un nouveau lieu de présentation » en France, ajoute-t-il.
Acquis par la France en 1946, avant de disparaître
Jecheskiel David Kirszenbaum (1900-1954), formé au Bauhaus de Weimar, auprès de Paul Klee et de Wassily Kandinsky, a assisté à la destruction d’une grande partie de ses œuvres par les nazis à Berlin, selon le CNAP. Son épouse a été déportée et est morte à Auschwitz, comme les membres de sa famille restés en Pologne. Le peintre a été « interné dans plusieurs camps de travail français, dont celui de Saint-Sauveur, près de Bellac (Haute-Vienne), auquel fait directement écho la toile », un paysage enneigé du camp, précise le CNAP.
L’Etat français a acquis le tableau en 1946, qui a été déposé à l’ambassade de France à Bucarest, où il a disparu. Le CNAP a retrouvé sa trace dans une vente parisienne organisée en 2022, au cours de laquelle le tableau a été acquis par le Museum Kunst der Verlorenen Generation. Il a depuis été identifié comme propriété de l’Etat français.
Après la guerre, Jecheskiel David Kirszenbaum a continué de vivre en France, où il est mort en 1954. Son œuvre, longtemps méconnue, a été redécouverte grâce aux recherches entreprises par ses descendants, Nathan et Amos Diament.











13 commentaires
Un rappel que l’art survit même dans les périodes les plus sombres.
Absolument, c’est une lumière dans l’obscurité.
Ce tableau est un témoignage poignant de la résistance et de l’art sous l’oppression.
Tout à fait, c’est un rappel essentiel de l’importance de la mémoire historique.
L’histoire de l’artiste est tragique, mais son œuvre perdure.
Cette histoire montre l’importance de la localisation et de la préservation des œuvres d’art.
Tout à fait, surtout celles liées à des histoires si marquantes.
C’est magnifique que Salzbourg coopère pour restituer cette œuvre à la France.
Et c’est une belle initiative de l’exposer là-bas cinq ans avant son retour définitif.
Comment ce tableau a-t-il pu disparaître pendant toutes ces années ?
Aux moments de bouleversements historiques, beaucoup d’œuvres disparaissent ou changent de mains.
Je me demande ce que l’artiste aurait pensé de cette restitution.
Difficile à dire, mais son œuvre continue de porter son message malgré les années.