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En 2022, le Centre pour le développement de l’information sur la formation permanente notait que 21 % des actifs étaient « en train de préparer une reconversion » et que 26 % assuraient « l’envisager ». C’est un fait : le changement de cap professionnel – souhaité ou subi – est au cœur des réflexions de nombreux travailleurs.
Ils sont encouragés en cela par la mise en place de multiples dispositifs (bilan de compétences, compte personnel de formation, projet de transition professionnelle…), mais aussi par « les incitations des pouvoirs publics [à] devenir acteur de sa carrière et même disposer de “la liberté de choisir son avenir professionnel” », du nom d’une loi adoptée en 2018.
Quelle est la réalité de telles aspirations sur le terrain ? Les réorientations débouchent-elles sur une évolution satisfaisante de la vie professionnelle ? La formation, qui doit accompagner cette dynamique, tient-elle ses promesses ? Autant de questions qui sont posées par un ouvrage collectif, La Formation continue au service des reconversions ? (Presses universitaires de Rennes, 266 pages, 24 euros), mené sous la direction de trois universitaires, Emmanuel de Lescure, Nicolas Divert et Fabienne Maillard.
Pour y répondre, les auteurs proposent une série d’enquêtes sociologiques au plus près du terrain. Au côté d’actifs se formant au code informatique, d’assistantes maternelles cherchant à obtenir un CAP par une validation des acquis de l’expérience ou de syndicalistes cégétistes reprenant leurs études à l’université, ils dessinent un portrait nuancé des candidats à la « bifurcation ». Les facteurs qui peuvent expliquer le succès ou l’échec d’une reconversion apparaissent multiples (les conditions sociales et matérielles notamment) et l’on comprend, au fil des immersions, que « les liens (…) entre aspirations et mobilités dans le monde du travail » sont finalement très « fragiles ».
Freins multiples
« La finalisation du parcours est loin d’être certaine pour tous les impétrants », note ainsi la sociologue de la formation Catherine Agulhon. « A la lecture de ces textes, on constate que peu de cheminements ont véritablement mené à une reconversion », souligne-t-elle en conclusion de l’ouvrage. Seulement 7 des 32 travailleurs qui ont suivi une formation au codage informatique ont, par exemple, pu s’engager par la suite dans l’entrepreneuriat.
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13 commentaires
La loi de 2018 promet la liberté de choisir son avenir, mais les salariés doivent eux aussi avoir les moyens concrets de leurs ambitions.
Absolument, les aides financières et les accompagnements personnalisés sont souvent insuffisants.
266 pages sur la formation continue… Je me demande si le livre va vraiment répondre aux questions des gens concernés ou s’il restera trop théorique.
Les ouvrages universitaires ont parfois du mal à s’adresser directement aux praticiens, c’est un vrai défi.
Intéressant de voir que la formation continue encourage la reconversion, mais les résultats sur le terrain restent mitigés. Est-ce que les dispositifs existants sont vraiment adaptés aux besoins des travailleurs ?
C’est vrai que les bilan de compétences et compte formation sont accessibles, mais leur efficacité dépend beaucoup du suivi et du marché de l’emploi.
Les incitations existent, mais les salariés manquent souvent d’informations claires sur les métiers porteurs. Cela freine les reconversions.
La formation continue doit-elle vraiment être au service des reconversions ? Certains y voient un outil de flexibilité pour les employeurs plutôt qu’une aide aux salariés.
C’est un parfum d’optimisme de la part des décideurs, mais la réalité semble plus nuancée pour les travailleurs.
Un livre collectif sur ce sujet est bienvenu. Les universitaires peuvent apporter un éclairage utile sur l’écart entre les discours et les réalités du terrain.
Ces analyses sont déjà convaincantes, mais des témoignages de reconçus réussies ou ratées seraient complémentaires.
21 % préparent une reconversion et 26 % l’envisagent. Ces chiffres montrent une réelle volonté de changement, mais les obstacles restent nombreux.
Oui, la peur de la précarité et le manque de moyens financiers sont des freins majeurs à ces projets.