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L’hubris de la dissolution a fait sortir la Ve République de ses gonds. Habitué à gagner ses paris, le président de la République refuse de perdre et s’enferme dans le déni. Celui qui espérait renvoyer les partis aux oubliettes de l’histoire les a remis au centre du jeu. La fragmentation politique, qui s’aggrave dans la plupart des pays européens, a atteint chez nous un point de rupture, privant la nation de toute majorité de gouvernement. Sans doute ce désordre ne relève-t-il qu’à la marge des imperfections de notre Constitution.
En temps normal, la force de notre régime tient à sa capacité à produire une majorité parlementaire plutôt qu’à encourager le compromis partisan. Le véritable mal réside ailleurs : dans la défaillance d’un ethos susceptible de soutenir les institutions. Il relève des manières de sentir et d’agir des gouvernés et des gouvernants. Rivés sur la prochaine élection présidentielle, les partis affaiblis refusent obstinément toute logique de coalition. Montesquieu l’avait observé dans l’Angleterre républicaine secouée par des guerres civiles, jusqu’au Protectorat et à la Restauration. Là où l’esprit d’une faction n’est réprimé que par l’esprit d’une autre, les chocs se succèdent sans que l’équilibre ne soit jamais trouvé : « Le gouvernement changeait sans cesse : le peuple étonné cherchait la démocratie, et ne la trouvait nulle part. » , décrivait-il dans De l’Esprit des lois (1748).
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10 commentaires
L’article aborde des enjeux profonds de notre système politique, mais sans proposer de solutions concrètes.
C’est vrai, mais parfois, poser les bonnes questions est déjà un premier pas.
La dynamique actuelle rappelle effectivement certaines périodes historiques où le pouvoir était contesté.
Absolument, et comme le note l’article, cela peut conduire à une paralysie des institutions.
Intéressant article qui soulève des questions sur la capacité des démocraties à s’adapter aux nouvelles réalités politiques.
Oui, la fragmentation politique semble devenir un défi majeur pour beaucoup de systèmes représentatifs.
La comparaison avec la situation anglaise au 17e siècle est pertinente, mais les contextes restent différents.
Tout à fait, mais certaines leçons historiques peuvent tout de même être utiles.
Je trouve troublant ce constat sur l’absence de compromis partisan, surtout en période de crise.
C’est effectivement un problème récurent, pas seulement en France mais dans plusieurs démocraties.