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Le conseil des prud’hommes de Paris a prononcé, lundi 15 décembre, la nullité du licenciement de l’ancien directeur technique national de la Fédération française de tennis (FFT) Nicolas Escudé, et condamné la FFT à lui verser près de 850 000 euros d’indemnités.
La deuxième fédération sportive du pays, qui avait nommé Nicolas Escudé en mars 2021 avant de lui signifier son licenciement en 2024, devra notamment s’acquitter de plus de 330 000 euros pour « violation de l’engagement de garantie d’emploi » et 180 000 euros pour « nullité du licenciement », selon le jugement communiqué lundi à l’AFP.
La FFT devra également verser 80 000 euros à son ex-directeur technique national pour « harcèlement moral » et la même somme pour « préjudice professionnel et économique ». Les prud’hommes de Paris ont enfin condamné la FFT à verser 81 386,55 euros à Nicolas Escudé en guise d’« indemnités compensatrices de préavis », et 50 000 euros au titre du « préjudice moral, social et familial ». Le conseil ordonne enfin à l’instance présidée par Gilles Moretton « la remise des documents de fin de contrat, sans astreinte ».
« Nicolas Escudé n’est pas fonctionnaire »
La Fédération « prend acte de la décision », a-t-elle réagi dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse. « Cette décision (…) lui apparaissant critiquable, tant en faits, qu’en droit, la Fédération a décidé d’en interjeter appel » et « demeure pleinement confiante dans l’issue de (…) ce contentieux en cours ». La FFT assure en outre que la décision est « non assortie de l’exécution provisoire » et qu’elle n’aura donc pas à indemniser la partie adverse tant que l’affaire n’aura pas été jugée en appel.
La vainqueur de la Coupe Davis (2001) contestait en particulier une réorganisation de la DTN intervenue en septembre 2023. A l’époque, la direction avait été scindée en deux pôles. Le premier, intitulé « parcours vers le haut niveau » et consacré aux jeunes de 5 à 15 ans, avait été confié à Nicolas Escudé tandis que le pôle « haut niveau » (16 à 21 ans) avait été placé sous la responsabilité conjointe de Paul-Henri Mathieu et Ivan Ljubicic.
Une réorganisation qui a vidé de sa substance la fonction de DTN, selon Nicolas Escudé, qui a ensuite été placé en arrêt maladie avant de se faire licencier en 2024. Réélu en décembre 2024 pour un deuxième mandat, Gilles Moretton a choisi en mars 2025 l’ex-DTN de la Fédération française de rugby, Didier Retière, pour prendre sa succession.
Lors d’une audience devant les prud’hommes en octobre, l’avocate de la FFT Méline Duperray avait estimé que le contrat signé par l’ancien joueur de tennis professionnel (1995-2004) ne comportait aucune garantie d’emploi. « Nicolas Escudé n’est pas fonctionnaire, il n’y a aucune obligation implicite de garantie d’emploi. On peut mettre un terme à ses fonctions de DTN », avait insisté Méline Duperray dans des propos rapportés par le média L’Informé.









7 commentaires
Une affaire qui donne à réfléchir sur la justice sociale dans les hautes sphères du sport. Les licenciements abusifs doivent être sanctionnés.
Tout à fait, mais cela ne doit pas non plus nuire à la crédibilité des décisions judiciaires.
Les sommes demandées semblent disproportionnées. On se demande si c’est le bon montant, surtout pour des indemnités futures qui restent à déterminer.
C’est vrai, mais il faut aussi considérer le préjudice subi par M. Escudé. La justice a peut-être estimé que cela compensait les torts.
Une décision lourde pour la FFT qui montre les lacunes dans la gestion des ressources humaines. Espérons que cela incitera à plus de transparence.
Effectivement, un montant aussi élevé interpelle, surtout dans un contexte où les fédérations doivent aussi gérer des budgets parfois serrés.
La question du harcèlement moral dans le milieu sportif mérite d’être prise au sérieux. Des mesures préventives sont nécessaires.