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« Plus de neuf personnes sur dix considèrent qu’il existe des discriminations dans l’emploi » et la jeunesse paraît plus « surexposée aux discriminations » qu’en 2016, quand elle recherche un emploi ou au cours de sa carrière, alerte mercredi 10 décembre la Défenseure des droits.
Cette étude, menée avec l’Observatoire international du travail (OIT) auprès de 5 030 personnes âgées de 18 à 79 ans et basée sur des données de 2016 et 2024, précise que « 43 % de la population pensent qu’aujourd’hui, en France, des personnes sont souvent traitées défavorablement ou discriminées lors d’une recherche d’emploi » et « 52 % » pensent qu’elles le sont « parfois ».
L’enquête analyse deux moments-clés d’une vie professionnelle : la « recherche d’emploi » et le déroulement de carrière. Dans la première phase, « 14 % des personnes interrogées déclarent avoir subi une discrimination » dont le « premier motif est l’âge » pour près de la moitié d’entre elles (42 %), suivi de « l’origine et la couleur de peau » (21 %).
« Dans la recherche d’emploi, les personnes perçues comme noires, arabes ou maghrébines ont un risque 2,8 fois plus élevé de déclarer avoir fait l’objet de discrimination que les personnes perçues comme blanches. Ce risque est même en hausse par rapport à 2016 (il était alors 2,2 fois plus élevé) », note l’enquête.
Et être « jeune » semble préjudiciable : « Dans la recherche d’emploi comme dans le déroulement de carrière, les 18-24 ans ont deux fois plus de risque de rapporter l’expérience de discrimination que les 45-54 ans ». « Vous vous rendez compte pour des jeunes, c’est le moment où ils rentrent dans la vie professionnelle : quelle image ils ont de la société et du monde du travail quand ils commencent par être discriminés ? », a commenté la Défenseure des droits, Claire Hédon, sur RMC mercredi. « A certains moments ils n’ont même pas de réponse et (…) dans l’entretien d’embauche, on leur pose des questions sur leur âge, le quartier où ils vivent, un certain nombre de questions interdites parce que liées à un critère de discrimination », a-t-elle ajouté.
« Plafond de verre »
En 2024, les jeunes et les personnes non hétérosexuelles « sont plus nombreuses que les autres à considérer que des personnes sont “souvent” discriminées, dans la recherche d’emploi comme dans le déroulement de carrière, alors qu’aucune différence n’était observée en fonction de l’âge ou de l’orientation sexuelle en 2016 », selon l’étude.
Le déroulement de carrière reste marqué par un « plafond de verre », qui freine l’accès des femmes aux postes à responsabilité, entraîne des évolutions salariales moins rapides, de plus rares opportunités de promotion, entre autres.
En 2024, une personne sur cinq (21 %) déclare avoir subi une discrimination dans sa carrière, le « premier motif » étant le sexe pour 41 % d’entre elles. « Etre une femme multiplie par deux le risque de déclarer une discrimination (par rapport aux hommes). Il n’était que 1,6 fois plus élevé en 2016 », souligne l’enquête. Et les diplômes ne prémunissent pas de ces biais de genre : « Les femmes diplômées d’un master et/ou d’un doctorat sont plus discriminées. »
Reste que « le nombre de recours demeure faible », notamment par crainte de « représailles » ou « par méconnaissance des voies de recours », déplore Mme Hédon. Elle appelle à « mieux mesurer les discriminations », à « former et informer » les employeurs afin de déconstruire « ces stéréotypes » en passant par « un programme de lutte contre les discriminations » et souhaite des « sanctions plus élevées ».










14 commentaires
Ces résultats confirment ce que beaucoup ressentent déjà. La discrimination n’est pas qu’un problème de papier, elle a un impact réel sur les carrières.
C’est une question de justice sociale, mais aussi d’efficacité économique, car ces discriminations gaspillent des talents.
L’âge comme premier facteur de discrimination est particulièrement inquiétant, car les jeunes devraient être une priorité pour le marché du travail.
Paradoxalement, ce sont eux qui ont le plus besoin d’opportunités pour construire leur avenir.
Les politiques publiques doivent mieux cibler ces discriminations pour les combattre efficacement.
43% des personnes pensent qu’il y a souvent des discriminations à l’embauche. Que faire pour changer cela ?
L’éducation et la sensibilisation sont aussi essentielles pour modifier les comportements à long terme.
Des mesures coercitives envers les entreprises discriminantes pourraient être une solution, mais elles sont difficiles à mettre en œuvre.
Ces chiffres montrent clairement un problème persistant. Il est alarmant de voir que la discrimination reste si fréquente, surtout pour les jeunes.
Absolument. Il serait temps que des mesures concrètes soient mises en place pour inverser cette tendance.
Les entreprises doivent aussi jouer leur rôle, mais les mentalités sont encore trop lentes à évoluer.
Je suis dubitatif sur les chiffres avancés. Les discriminations existent, mais est-ce vraiment une aggravation par rapport à 2016 ?
L’étude semble bien menée, avec des données solides pour étayer ses conclusions.
Certaines discriminations sont plus subtiles et difficiles à quantifier, ce qui peut fausser l’analyse.