Listen to the article
Le gouvernement américain commet des « exécutions extrajudiciaires » avec ses frappes dans les Caraïbes et le Pacifique, a dénoncé, jeudi 23 octobre, le président colombien, Gustavo Petro, dont les relations avec Donald Trump sont tendues. Dans le cadre de ce qui est présenté comme une opération de lutte contre le narcotrafic, Washington a revendiqué depuis le début de septembre neuf attaques, qui ont fait 37 morts.
Mercredi, l’administration Trump a annoncé deux premières frappes dans le Pacifique. Au moins l’une d’elles s’est produite près des eaux colombiennes, selon une source militaire. La Maison Blanche et le Pentagone ont fourni peu de preuves pour étayer leurs affirmations selon lesquelles les personnes ciblées étaient impliquées dans le trafic de drogue.
Dans « ce type de manœuvres, qui selon nous enfreignent le droit international, les Etats-Unis (…) commettent des exécutions extrajudiciaires », a déclaré le président de gauche lors d’une conférence de presse à Bogota, demandant que les personnes suspectées de transporter de la drogue soient jugées et non tuées. « Il y a un usage disproportionné de la force qui est puni par le droit international humanitaire », a insisté M. Petro.
Selon le président colombien, au cours de ces opérations, les Etats-Unis ont violé les eaux nationales et « tué » un pêcheur colombien. « La mer des Caraïbes est traversée par des navires de guerre, des aéronefs navals et des missiles (…) Un pêcheur de Santa Marta a même été tué sur son bateau », a-t-il réaffirmé jeudi.
« Baron de la drogue »
Donald Trump et Gustavo Petro multiplient les échanges accusateurs ces derniers jours. Le président américain Donald Trump a qualifié son homologue de « baron de la drogue » et de « voyou ». L’élu de gauche a répondu en annonçant vouloir porter plainte pour diffamation devant la justice américaine. Le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, a de son côté qualifié le dirigeant colombien de « fou ».
Le locataire de la Maison Blanche a invité Gustavo Petro à « faire attention, sinon [les Etats-Unis prendront des] mesures très sérieuses contre lui et son pays. » « M. Trump m’a calomnié et a insulté la Colombie », a fustigé Gustavo Petro, jeudi, devant les médias internationaux.
« Je ne pense pas que nous assistions actuellement à une désescalade de la part du leader déséquilibré de la Colombie », a rétorqué la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, en conférence de presse.
Les Etats-Unis ont également retiré cette année la Colombie de la liste des pays alliés dans la lutte antidrogue et révoqué le visa de Gustavo Petro et de plusieurs fonctionnaires colombiens. Lorsque la certification antidrogue a été annulée, « cela nous a semblé très paradoxal et évidemment, nous l’avons reçu comme une insulte », a affirmé le chef de l’Etat colombien. Les Etats-Unis ont en outre annoncé la fin de l’aide financière au pays et des droits de douane punitifs ; des mesures qui ne se sont toutefois pas encore concrétisées.
La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, mais elle travaille depuis des décennies avec Washington pour en réduire la production, contrôlée par divers groupes paramilitaires, cartels et guérillas.
« Ce qui est en jeu, c’est une relation historique vieille de plus de deux cents ans, qui profite aux Etats-Unis comme à la Colombie », s’est alarmé, mercredi, l’ambassadeur colombien à Washington, Daniel Garcia-Peña, dans un entretien à l’Agence France-Presse, après avoir été rappelé à Bogota pour consultations. Il a jugé les déclarations du président américain « inacceptables ».







7 commentaires
Le président colombien a raison de souligner le problème des exécutions extrajudiciaires. La justice doit primer sur la violence.
Espérons que cette déclaration pousse les États-Unis à revoir leur stratégie.
Ces accusations de la Colombie sont sérieuses. Les frappes américaines dans cette région méritent un examen approfondi pour vérifier leur conformité avec le droit international.
Totalement d’accord. La transparence des opérations militaires est essentielle pour éviter des excès.
Mais la lutte contre le trafic de drogue est-elle vraiment une priorité absolue dans la région?
La situation est complexe. Comment distinguer entre une opération légale et une violation des droits humains dans ce contexte?
C’est précisément la question. Aucune réponse claire des autorités américaines pour l’instant.