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Dans les débats qui agitent la conversation publique du moment, deux phénomènes politico-médiatiques méritent d’être mis en corrélation, car ils visent deux piliers de notre Etat de droit, qui sont aussi des services publics : l’information publique et la justice.
D’un côté, ces dernières semaines, les remises en cause de l’audiovisuel public se sont multipliées, qu’il s’agisse de la vidéo volée et tronquée impliquant deux journalistes de France Inter, ou de Marine Le Pen réclamant le départ de la présidente de France Télévisions, pour avoir qualifié la chaîne CNews d’extrême droite. La députée du Rassemblement national profitant de l’occasion pour en appeler de nouveau à la privatisation du service public de l’audiovisuel.
De l’autre, nous assistons, depuis le rendu du jugement sur l’affaire libyenne et la condamnation de Nicolas Sarkozy, à de nombreuses réactions qui remettent en cause l’impartialité des magistrats et le bien-fondé de la décision de justice. La chasse aux sorcières est lancée dans les institutions publiques et menace notre démocratie.
S’agissant des attaques à l’égard des services publics, nous étions coutumiers des sempiternelles dénonciations sur le nombre de fonctionnaires. Mais voilà que les critiques se font plus pernicieuses et violentes, les protagonistes s’en prenant ad hominem à la déontologie de personnalités incarnant des institutions publiques.
Ces assauts ne viennent pas de nulle part. L’offensive est minutieuse, coordonnée et massive. Elle émane de responsables politiques de la droite et de l’extrême droite, et elle est abondamment relayée par certains médias, comme ceux du milliardaire Vincent Bolloré, au dessein idéologique clairement assumé. Le pouvoir de l’argent est aux manettes.
Les cibles ne sont pas choisies par hasard, s’agissant d’institutions assurant le respect du cadre démocratique de la société française. Elles bénéficient, pour cette raison même, de garanties d’indépendance. Ce sont précisément ces garanties que leurs détracteurs zélés entendent remettre en cause, car c’est bien cela qui les dérange : ne pas pouvoir contrôler ces organes vitaux à notre démocratie. Qui peut croire que cela s’arrêtera à la justice et à l’audiovisuel public ?
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15 commentaires
Ces débats montrent à quel point nos institutions sont fragiles et dépendent de la vigilance citoyenne.
Il est ironique de voir ceux qui critiquent l’audiovisuel public défendre pourtant d’autres services publics.
Si les journaux et les tribunaux ne sont pas à l’abri des pressions, alors notre système est en danger.
La démocratie repose sur des médias et une justice indépendants, les fragiliser revient à menacer nos libertés.
La justice doit rester au-dessus des partis, quoi qu’il arrive, même en période de tensions politiques.
C’est un principe essentiel, mais comment l’appliquer face à des attaques aussi ciblées ?
Les attaques contre l’audiovisuel public et la justice semblent coordonnées pour affaiblir les contre-pouvoirs.
Une analyse intéressante, mais y a-t-il des preuves de cette coordination ou est-ce une simple coïncidence ?
Une remise en question des institutions publiques aussi vive est inquiétante pour l’équilibre de notre démocratie.
Les services publics sont souvent cibles des critiques politiques, mais cela ne justifie pas leur affaiblissement.
Tout à fait d’accord, mais est-ce vraiment une chasse aux sorcières ou un nécessaire débat sur la transparence ?
Une démocratie forte ne peut se construire sur des attaques contre ses propres fondations.
Tout à fait, mais qui a intérêt à affaiblir ces institutions et pourquoi ?
Ces polémiques rappellent l’importance de protéger nos institutions de toute instrumentalisation politique.
Absolument, mais comment s’assurer que ces attaques ne sont pas simplement un retour de bâton d’une critique légitime ?