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Au début de l’été, « un ami [lui] a raconté avoir trouvé via Facebook des gens qui se disaient experts dans les placements », raconte Héloïse (qui n’a pas souhaité que son nom soit publié), 38 ans, professeure dans le sud de la France. Elle rejoint peu après un groupe WhatsApp, « Patrimoine & Vision », animé par deux personnes, le « professeur », qui se prétend lié à une importante société de gestion d’actifs, et l’« assistante ».
Cette dernière adresse régulièrement aux membres du groupe des messages évoquant des « opportunités de marché » et des « consignes » d’investissement, présentées comme « une condition préalable à l’atteinte des objectifs de rendements fixés ».
Après avoir ouvert un compte auprès d’un courtier en ligne et réalisé un premier placement – gagnant – de quelques centaines d’euros, Héloïse investit 10 000 euros dans des actions de Fly-E, un petit constructeur de vélos électriques coté sur le marché américain Nasdaq, dont le cours a plus que triplé en deux mois et dans lequel le « professeur », sans préciser qu’il en détient lui-même, voit « un fort potentiel d’explosion à court terme ».
« J’étais un peu méfiante mais je me disais qu’il était au courant grâce à ses contacts », dit Héloïse. Quelques heures seulement après son ordre d’achat, le cours de l’action commence à baisser. En vingt-quatre heures, il chutera de près de 90 % pour tomber sous 1 dollar (0,86 euro), un seuil sous lequel il a passé l’essentiel des deux derniers mois. L’« assistante » promet que le « professeur » assumera 30 % des pertes… à condition qu’on lui envoie un relevé d’identité bancaire. Héloïse refuse. Son préjudice avoisine aujourd’hui 9 000 euros, elle a quitté le groupe, déposé plainte – en vain pour l’instant – et cache ses déboires à ses proches. Un autre membre du groupe a subi la même déconvenue après avoir investi 7 000 euros, empruntés dans le cadre d’un crédit à la consommation.
« Je pensais qu’il était impossible qu’une personne puisse influencer le cours d’une action à ce point-là », regrette Héloïse. Elle a découvert depuis qu’il s’agissait d’un pump and dump, en français une « bouilloire ». Une technique au mécanisme éprouvé : l’instigateur de la manipulation repère un titre peu liquide, en conseille l’achat en faisant miroiter une forte hausse, sans préciser qu’il détient lui-même des actions. L’intérêt suscité fait monter le cours, le manipulateur vend alors ses parts pour empocher sa plus-value, abandonnant ses victimes, « collées » avec des titres dépréciés.
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13 commentaires
Ces arnaques boursières via les réseaux sociaux sont de plus en plus fréquentes. Comment peut-on encore tomber dans le piège ?
Les escrocs sont très convaincants. Beaucoup de victimes ne réalisent qu’il est trop tard.
La peur de rater des opportunités et l’appât du gain poussent souvent les gens à ignorer les signaux d’alerte.
Est-ce que quelqu’un a des conseils pour éviter de tomber dans ce genre de piège ?
Il est crucial de vérifier l’origine des conseils en investissement, surtout s’ils proviennent des groupes privés.
Les Petites sociétés cotées en bourse, comme ce constructeur de vélos électriques, sont souvent vulnérables à ces manipulations.
Exactement. Le manque de liquidités et de visibilité en fait des cibles faciles.
J’ai connu un ami qui a perdu beaucoup d’argent dans ce type d’arnaque. Le cours a soudainement chuté une fois les acheteurs piégés.
C’est malheureusement classique. Les initiés se retirent dès que le prix atteint un certain niveau.
Ces groupes WhatsApp et Facebook sont un moyen trop facile pour les escrocs de recruter des victimes innocentes.
Je suis surpris que des personnes qualifiées, comme une professeur, puissent être prises au piège. Cela montre à quel point ces arnaques sont sophistiquées.
Incroyable comment ces stratégies malicious persistent malgré les avertissements des régulateurs. Qu’en pensez-vous ?
Les arnaqueurs s’adaptent constamment. Les autorités doivent renforcer les contrôles.