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L’olympisme français a perdu son doyen. Sacré en canoë biplace lors des Jeux olympiques d’Helsinki, en 1952, Jean Laudet s’est éteint, samedi 20 décembre, à Nevers, là où il était né il y a quatre-vingt-quinze ans, a révélé Le Journal du Centre. Malade depuis plusieurs mois, il avait été hospitalisé au début du mois de décembre.
Le 27 juillet 1952, lui et son grand ami de l’Union sportive nivernaise Georges Turlier remportaient, à la surprise générale, la course en ligne de 10 000 m de canoë biplace. Faute d’accompagnement suffisant, le tandem n’avait pas pu poursuivre sa prometteuse carrière, mais les deux copains le sont restés.
Premiers champions olympiques du canoë français, ils furent de véritables pionniers de la discipline. La Fédération française de canoë-kayak a rendu hommage, lundi, à « un homme d’une grande élégance, toujours plein d’une énergie communicative et regardant l’avenir conscient d’avoir vécu “une belle vie” ».
Ancien rugbyman reconverti antiquaire
Au sein de l’Union sportive nivernaise, Jean Laudet fut d’abord joueur de rugby, avant de découvrir le canoë au retour d’un entraînement. Tout au long de sa vie, il resta conjointement un témoin passionné des nouvelles générations de céistes français et un fervent supporteur de l’USON Nevers rugby, son équipe de toujours.
Après son titre olympique, il se reconvertit comme antiquaire. Dans les années 1950, il ouvre une boutique dans sa commune de Pougues-les-Eaux (Nièvre), qu’il ferme au moment de partir en retraite, en 1990.
Reconnus sur le tard, Jean Laudet et Georges Turlier ont été promus « gloires du sport » par la Fédération des internationaux du sport français, en 2020, un équivalent français du Hall of Fame nord-américain. Les deux hommes ont également été décorés de la Légion d’honneur en 2022, soixante-dix ans après leur médaille d’or. Le champion en souriait, confiant ne pas y accorder grande importance. En 2024, à l’occasion des Jeux de Paris, il a été porteur de la flamme olympique à Vaires-sur-Marne (Seine-Marne), sur le site des épreuves de kayak.
Depuis la mort, à 101 ans, du cycliste sur piste Charles Coste, le 30 octobre, Jean Laudet était le champion olympique français le plus âgé. Il avouait alors avoir pris « un coup » en se remémorant son parcours, confiant au Journal du Centre qu’il ne « s’était jamais vraiment rendu compte de [son] âge » jusqu’alors. C’est désormais son compagnon d’Helsinki et ami de toujours Georges Turlier, 94 ans, le nouveau doyen des champions olympiques français.









8 commentaires
Inspirant de voir comment il a commencé le rugby pour finir champion olympique en canoë. La polyvalence sportive mérite d’être célébrée.
Le canoë français lui doit beaucoup. Un pionnier qui a su marquer l’histoire.
Un paquet de questions à son sujet. Par exemple, comment a-t-il perçu l’évolution du sport au fil des décennies ?
Dommage qu’il n’ait pas pu continuer sa carrière après son titre olympique. Malgré tout, quel parcours impressionnant !
Je me demande quels souvenirs il aurait pu partager sur les Jeux d’Helsinki. Une époque qui n’a plus rien à voir avec aujourd’hui.
Une triste nouvelle pour le monde du sport français. Jean Laudet laisse derrière lui un héritage olympique dont on se souviendra longtemps.
La Fédération a raison, il avait cette élégance rare et une énergie contagieuse, même à 95 ans. Un vrai modèle.
Canoë, rugby, antiquaire… Quelle vie bien remplie ! Sa passion pour le sport reste un bel exemple à suivre.