Listen to the article
Le Parlement a définitivement adopté, jeudi 18 décembre, après un vote unanime à l’Assemblée nationale, une loi pour réhabiliter les femmes condamnées pour avortement avant la loi Veil de 1975.
Le texte, salué par les associations féministes, reconnaît plus largement « que l’application par l’Etat » des lois « pénalisant le recours, la pratique, l’accès et l’information sur l’avortement » a constitué « une atteinte à la protection de la santé des femmes, à l’autonomie sexuelle et reproductive » ou encore « aux droits des femmes ». Ce texte mémoriel ajoute que ces lois d’avant 1975 ont conduit à « de nombreux décès » et engendrées des « souffrances physiques et morales ».
Portée par l’ancienne ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol, la proposition de loi socialiste avait été adoptée à l’unanimité au Sénat en mars, dans les mêmes termes, et avec le soutien du gouvernement. Cette loi « est un acte de justice envers ces milliers de vies brisées par des lois injustes », a déclaré jeudi la ministre déléguée chargée de l’égalité femmes-hommes Aurore Bergé, en évoquant dans son discours l’avortement de sa mère. « Nous avons la responsabilité de réparer, mais surtout nous avons le devoir d’alerter », a-t-elle ajouté, en référence aux attaques actuelles « partout dans le monde » contre « les droits des femmes ».
Débat sur le volet indemnitaire des réparations
Les députés ont salué la présence en tribune jeudi de Claudine Monteil, l’une des signataires du Manifeste des 343, appel choc de 343 femmes ayant révélé en 1971 avoir avorté. Le texte contient par ailleurs la création d’une commission de reconnaissance du préjudice subi par les femmes ayant avorté.
Elle sera chargée de contribuer au « recueil » et à la « transmission de la mémoire » des femmes contraintes aux avortements clandestins et de ceux qui les ont aidées. Cette commission sera composée de professionnels de santé, d’un membre du Conseil d’Etat ou un magistrat de la Cour de cassation, de personnes ayant réalisé des travaux de recherche sur ces questions, et d’autres engagées dans le milieu associatif.
Le texte ne prévoit pas en revanche de volet indemnitaire pour porter réparation aux personnes concernées par cette loi. A dessein, « parce qu’il n’y avait pas que des amies des femmes qui ont pratiqué des avortements », selon Laurence Rossignol, qui évoque les « mères maquerelles » ou encore les « proxénètes » les ayant réalisés.
« Cette question de l’indemnisation reste un angle mort de ce texte », a regretté de son côté la députée Sandra Regol (groupe écologiste), à l’unisson avec entre autres la députée « insoumise » Mathilde Panot. Les « circonstances » sont « différentes », a argumenté Aurore Bergé, puisque les femmes concernées par le texte « n’ont pas toutes subi des condamnations ». Des représentants des Républicains et du Rassemblement national se sont au contraire félicité de cette absence de compensations financières.










12 commentaires
Les décès et les souffrances causés par ces lois sont indéniables. Il était temps que cette réhabilitation soit reconnue.
Absolument, et cela montre à quel point les lois sur l’avortement doivent être humaines et respectueuses des choix individuels.
Une reconnaissance importante pour toutes ces femmes qui ont souffert à cause de lois obsolètes. Enfin, la justice est rendue.
Oui, c’est une avancée historique, mais il reste encore beaucoup à faire pour les droits des femmes dans notre société.
J’espère que cette loi servira de leçon pour l’avenir, afin que de telles injustices ne se reproduisent plus.
Intéressant de voir une loi mémorielle en France qui reconnaît explicitement les torts du passé. Est-ce suffisant pour réparer ?
Cette loi réhabilite les victimes, mais ne nous voile-t-elle pas encore la réalité des conditions dans lesquelles ces femmes ont dû avorter ?
C’est un premier pas, mais effectivement, il faut aussi mettre en lumière les souffrances endurées à l’époque.
Un vote unanime, c’est rare, mais nécessaire pour une telle cause. La santé des femmes ne devrait jamais être compromise.
Tout à fait, c’est un rappel qu’il faut toujours défendre les droits reproductive, même quand les combats semblent gagnés.
Une loi symbole, mais qui ne change pas nécessairement la réalité du terrain. L’accès à l’IVG reste un défi dans certaines régions.
Les associations féministes ont salué cette loi, mais quelles seront les mesures concrètes pour soutenir les femmes aujourd’hui ?