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Livre. Le sociologue Elyamine Settoul, bon connaisseur de la radicalisation djihadiste, s’est penché, dans Suprémaciste. Anatomie d’un parcours d’ultradroite (Université Paris Cité Editions, 190 pages, 15 euros), sur l’itinéraire du jeune leader du groupe OAS (Organisation des armées sociales, en hommage à l’Organisation de l’armée secrète de la guerre d’Algérie). Le chercheur le rencontre en détention et le prénomme Kylian « par respect du droit à l’oubli ». L’apport le plus passionnant du livre, qui n’évite pas toujours un certain jargon sociologique, réside dans le rapprochement qu’il opère entre djihadistes et militants d’ultradroite. Ils « partagent, au-delà de leurs profonds antagonismes idéologiques, des proximités cognitives, des perméabilités intellectuelles et un ethos rendant leurs trajectoires potentiellement comparables ».

Le nombre sans précédent d’attaques djihadistes a en effet exercé une fascination chez les suprémacistes blancs, « engendrant un effet de mimétisme dans leur manière de concevoir et de mener des actions violentes ». Ainsi pour Kylian. « Il faut avouer qu’ils sont très forts au niveau communication », dit le jeune homme, leurs vidéos, « même si tu n’es pas musulman, c’est attirant ». Né dans une famille sympathisante du Front national (FN), il est scolarisé au début des années 2000 à Vitrolles puis à Marignane (Bouches-du-Rhône), deux laboratoires de l’extrême droite.

L’entourage familial est compliqué, mais c’est sa trajectoire scolaire qui est l’une des clés de sa radicalisation : il a des tics nerveux, on se moque de lui, ce qui le conduit à une profonde mésestime de lui-même, et « l’adhésion idéologique convertit progressivement cette haine de soi en haine de l’autre », résume le sociologue. Il se réfugie sur Internet, est fasciné par le suprémaciste norvégien Anders Breivik qui, en 2011, a tué 77 personnes et en a blessé 320, en qui il voit un « chevalier nordique » prêt à sacrifier sa vie pour la civilisation européenne.

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21 commentaires

  1. Camille Martin le

    Kylianfiltered parle de fascination pour la communication des djihadistes. C’est un angle surprenant, mais qui montre comment l’ennemi influence parfois ses propres adversaires.

  2. La comparaison entre ces deux mouvements extrémistes est-elle vraiment pertinente ? Les motivations idéologiques semblent si différentes.

  3. Un sujet complexe et rarement abordé avec autant de nuances. L’article méritait d’être approfondi, notamment sur les méthodes de radicalisation en ligne.

  4. Antoine Robert le

    La comparaison entre les djihadistes et les militants d’ultradroite me semble osée, mais passionnante. Les mécanismes de radicalisation sont-ils vraiment si similaires?

  5. Sophie Martin le

    Les anticalgérie djihadistes et suprémacistes blancs nous rappellent que la haine peut prendre mille visages. Un rappel pour ne pas rester passif face à ces idéologies.

  6. Un livre qui ne trouvera pas forcément son public, mais qui pourrait être utile aux professionnels de la sécurité et de la prévention.

  7. Le jargon sociologique peut rendre certaines parties du livre un peu ardues, dommage pour des sujets qui mériteraient d’être largement discutés.

    • Antoine Thomas le

      C’est l’un des objectifs principaux de ce type d’études : identifier les facteurs communs pour prévenir l’extrémisme.

  8. Luc L. Durand le

    Ce livre met en lumière une réalité inquiétante : la montée des extrémismes en France. Espérons que ces analyses puissent servir à prévenir de nouvelles dérives.

  9. Ce récit d’un militant de l’ultradroite montre l’importance des parcours individuels dans l’étude des radicalisations.

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