Listen to the article

0:00
0:00

Israël a de nouveau bombardé, jeudi 4 décembre dans l’après-midi, le sud du Liban, disant viser des sites du Hezbollah, qu’elle accuse de se réarmer. L’armée israélienne avait prévenu peu avant de frappes imminentes, et appelé les habitants de plusieurs villages à évacuer. Selon l’agence de presse officielle libanaise NNA, elles ont touché le village de Mahrouna et une maison du village de Jbaa, où un photographe de l’Agence France-Presse a vu de la fumée s’échapper du lieu visé. Les autorités n’ont pour l’heure pas fait état de victimes.

A Jbaa, Yassir Madir, un responsable local, a assuré qu’il n’y avait « que des civils » dans la zone. Il a expliqué que les propriétaires de la maison ciblée, de trois étages, vivaient à Beyrouth. « Malheureusement ils n’ont pas eu le temps de retirer leurs affaires », a-t-il déclaré. « Quant aux dégâts, il n’y a plus une fenêtre à 300 mètres à la ronde. Tout le monde est sous le choc », a-t-il ajouté.

L’armée israélienne a de son côté annoncé avoir « frappé plusieurs lieux de stockage d’armes appartenant au Hezbollah ». Ils se trouvaient « au cœur de la population civile », a-t-elle affirmé, parlant d’un « nouvel exemple du cynisme » du mouvement islamiste. Peu avant, elle avait prévenu par le biais de son porte-parole arabophone des bombardements visant à « contrer » les « tentatives illégales » du Hezbollah « de rétablir ses activités dans la région ». Et appelé, cartes à l’appui, les riverains de deux bâtiments de Jbaa et Mahrouna à s’en éloigner d’au moins 300 mètres. L’armée a ensuite averti d’autres bombardements à venir sur des « infrastructures militaires » dans deux autres villages du sud du pays.

Ces bombardements surviennent au lendemain d’une rencontre entre responsables civils libanais et israélien, lors d’une réunion de l’organisme de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024 après une guerre meurtrière entre Israël et le Hezbollah. Jusqu’à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n’ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l’organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et les Nations unies (ONU). « Nous sommes pleinement engagés à ce que ce mécanisme reste le cadre pour favoriser la désescalade et permettre un retour durable à la stabilité dans la région », a commenté jeudi un porte-parole du ministère des affaires étrangères français.

La réunion de mercredi a été présentée comme les premières discussions directes depuis plus de quarante ans entre les deux pays toujours techniquement en état de guerre.

Le désarmement du Hezbollah, une exigence « incontournable »

Accusant le Hezbollah de se réarmer dans le sud du pays et de violer ainsi les termes de la trêve entrée en vigueur à la fin de novembre 2024, l’armée israélienne a multiplié depuis plusieurs semaines les frappes aériennes dans le sud du Liban, mais a marqué une pause dans ses attaques pendant la visite du pape Léon XIV, cette semaine.

Après une attaque aérienne israélienne, à Jbaa, dans le sud du Liban, le 4 décembre 2025.

Israël a même frappé jusque dans la banlieue de Beyrouth, le 23 novembre, pour éliminer le chef militaire du Hezbollah, Haytham Ali Tabatabaï. Le Liban dénonce ces attaques comme des violations patentes du cessez-le-feu. Mais Israël, qui peut compter sur l’aval tacite des Etats-Unis pour ces frappes, affirme qu’il ne fait qu’appliquer la trêve en empêchant le Hezbollah, allié de la République islamique d’Iran, ennemie d’Israël, « de se reconstruire et de se réarmer ».

Tout en déclarant que les discussions directes de mercredi avec le Liban s’étaient déroulées dans « une atmosphère positive », le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a rappelé mercredi soir que le désarmement du Hezbollah restait une exigence « incontournable » pour son pays.

Le premier ministre libanais, Nawaf Salam, a pour sa part pris soin de préciser que ce type de réunions avait surtout pour but de parvenir « à la cessation des hostilités [et] au retrait israélien total » du territoire libanais, où l’armée israélienne conserve des positions dans le sud. « Les relations économiques viendront à la toute fin du processus de normalisation, qui doit venir après la paix », a expliqué M. Salam. « Elles ne peuvent pas précéder la paix ». Il a souligné que le Liban n’avait pas l’intention de conclure une paix séparée avec Israël.

La situation demeure donc extrêmement tendue à la frontière sud du Liban, où les populations civiles sont régulièrement prises au piège des affrontements et des frappes et vivent dans la crainte d’une escalade militaire.

De leur côté, les autorités libanaises continuent de dénoncer les opérations israéliennes, les qualifiant de violations du cessez-le-feu et appelant la communauté internationale à intervenir pour éviter une reprise des hostilités à grande échelle. Les discussions entamées sous l’égide de l’organisme de surveillance du cessez-le-feu pourraient ouvrir la voie à une désescalade, mais la méfiance est encore forte entre les deux pays.

Le Hezbollah, quant à lui, n’a pas officiellement réagi aux dernières annonces israéliennes, mais ses responsables ont à plusieurs reprises affirmé leur détermination à défendre le territoire libanais contre toute agression. La communauté internationale, notamment les Etats-Unis et la France, suit de près l’évolution de la situation, redoutant un embrasement régional.

Partager.

Salle de presse de TheNews.re. Nous couvrons l'actualité réunionnaise et internationale avec rigueur et objectivité. Notre mission : informer les citoyens avec des analyses approfondies sur la politique, la société, l'économie et la culture.

13 commentaires

  1. Les frappes préventives de l’armée israélienne soulèvent des questions sur le droit international. Qui en a le dernier mot ?

  2. Le réarmement du Hezbollah est un défi constant pour Israël. Comment trouver un équilibre entre sécurité nationale et respect des droits humains ?

  3. Les images de fumée à Jbaa montrent la gravité de la situation. Les victimes civiles ayant évité le conflit pour l’instant, c’est déjà une bonne nouvelle.

  4. Sophie Richard le

    Les tensions persistent dans la région. L’armée israélienne justifie ces frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer, mais les dommages collatéraux semblent larges.

  5. Les déclarations israéliennes soulignent que les armes étaient au milieu des civils. Cela pose une question économique aussi : quelles sont les sources de financement du Hezbollah ?

  6. Ces frappes renforcent les tensions géopolitiques. Quel impact pourraient-elles avoir sur les investissements dans les mines et les infrastructures industrielles de la région ?

  7. Les habitants de Mahrouna et de Jbaa vivent dans la peur. La communauté internationale devrait-elle envisager une mission de maintien de la paix dans cette zone ?

  8. Le Hezbollah continue d’être un acteur clé dans la région. Ces attaques pourraient-elles avoir un impact sur les marchés du pétrole et des métaux ?

Laisser une réponse