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La commémoration des 80 ans de la Sécurité sociale, qui intervient peu avant la discussion du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 à l’Assemblée nationale – et un an après la démission du gouvernement Barnier sur cette question –, est une bonne occasion de rappeler le caractère profondément politique de notre « Sécu ».
L’histoire de la Sécurité sociale est d’abord une histoire politique, fruit d’un long processus, faite d’espoirs, de conflits, de compromis, de progrès, de reculs aussi. Si tout ne naît pas en 1945, ce moment voit l’affirmation d’une ambition nouvelle : celle de « libérer les Françaises et les Français de la peur du lendemain ». On ne peut comprendre la portée de cette réforme révolutionnaire sans prendre en compte son contexte, marqué par l’hégémonie des forces de gauche et par le soutien décisif de la CGT au projet de l’administration, face à de multiples oppositions.
La Sécurité sociale est ainsi née d’une rencontre inédite entre une haute fonction publique modernisatrice, attachée à une conception émancipatrice de l’Etat social, et un mouvement ouvrier puissant au sortir de la guerre, capable de conquérir des positions centrales dans la démocratie sociale naissante.
Modèle original
Cette réalisation collective se cristallise dans la collaboration entre les deux personnages qui l’incarnent : Pierre Laroque [1907-1997], haut fonctionnaire, premier directeur de la Sécurité sociale [de 1944 à 1951], et Ambroise Croizat [1901-1951], ancien ouvrier métallurgiste, dirigeant syndicaliste et député communiste, devenu ministre du travail et de la Sécurité sociale [1945-1946]. Ils apprennent à travailler en bonne intelligence et à tenir le même langage : celui du progrès social et de l’intérêt général.
Cette ambition et cette alliance politique permettent de comprendre l’originalité de notre modèle social. Or, dans les décennies suivantes, elles se sont progressivement effacées au profit d’un discours à l’apparence dépolitisée et purement budgétaire sur le « trou » de la Sécurité sociale, par ailleurs largement mythifié.
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10 commentaires
Un anniversaire qui tombe à point nommé alors que des réformes importantes sont en discussion. Espérons que le débat restera constructif.
Les oppositions à la Sécu en 1945 montrent qu’elle a toujours été un projet contesté. Comment éviter qu’aujourd’hui les clivages ne fichent tout par terre?
Entre progrès et reculs, la Sécu a toujours été en mouvement. Peut-on espérer une réforme ambitieuse sans bouleverser ses fondements?
Huit décennies plus tard, la Sécurité sociale reste un sujet politique brûlant. Comment concilier solidarité et pérennité financière?
La Sécurité sociale est un pilier essentiel de notre modèle social. Il est crucial de préserver ce patrimoine commun pour les générations futures.
Un article qui rappelle à quel point notre système de protection sociale est profondément ancré dans notre héritage politique et social.
La discussion sur le financement de la Sécu pour 2026 pourrait s’inspirer de son histoire pour trouver des solutions durables.
«Libérer les Français de la peur du lendemain»: ces mots résonnent encore aujourd’hui. Un rappel poignant de l’ambition initiale de ce système.
Sans la CGT et le contexte post-guerre, la Sécu n’aurait peut-être pas vu le jour. Un rappel puissant de l’importance de l’histoire sociale.
La Sécu est le fruit d’un compromis historique entre l’État et les travailleurs. Fondamental de ne pas l’oublier dans les débats actuels.