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Umaro Sissoco Embalo, le président de Guinée-Bissau renversé par une junte, est arrivé samedi 29 novembre à Brazzaville, capitale du Congo, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de sources gouvernementales. Brièvement arrêté par les militaires mercredi, puis parti au Sénégal jeudi, M. Embalo « est arrivé à Brazzaville pour y rester », a affirmé une autre source proche de la présidence congolaise.
Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé Umaro Sissoco Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre. Les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce pays lusophone d’Afrique de l’Ouest, à l’histoire jalonnée de putschs et de tentatives. La junte a depuis nommé un président d’une transition censée durer un an et un premier ministre.
Le principal opposant bissau-guinéen, Domingos Simoes Pereira – dirigeant du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), parti ayant mené la Guinée-Bissau à l’indépendance en 1974 –, avait été écarté de la présidentielle du 23 novembre. Le parti avait ensuite soutenu le candidat d’opposition Fernando Dias, devenu le principal adversaire de M. Embalo lors du scrutin. M. Pereira a été arrêté mercredi en Guinée-Bissau, selon des proches et un collaborateur.
Dans une déclaration jeudi à l’AFP, M. Dias affirme avoir largement remporté la présidentielle au premier tour et accuse M. Embalo d’avoir « organisé » le coup d’Etat pour empêcher son accession au pouvoir. M. Dias affirme être « en sécurité » et se cacher dans le pays.
Le siège du PAIGC « envahi » par des « miliciens armés »
Le PAIGC a par ailleurs dénoncé samedi l’« envahissement » de son siège dans la capitale. Dans un communiqué, le parti affirme que son siège a été « illégalement envahi par des groupes miliciens fortement armés » samedi. Selon le PAIGC, ces derniers ont « procédé à l’expulsion de toutes les personnes qui s’y trouvaient, à l’effraction des portes de bureaux et à la grave violation de l’intégrité des installations ».
Le parti dénonce aussi une « intolérable violation des principes fondamentaux de l’Etat de droit ». « La destruction, l’occupation forcée et l’usurpation des installations d’un parti politique légalement constitué et reconnu engendrent une responsabilité civile, criminelle et politique pour tous leurs auteurs, matériels ou moraux », relève-t-il. « Il s’impose de questionner la véritable motivation sous-jacente à une telle action du régime, considérant que le PAIGC n’est pas impliqué dans l’actuel processus électoral », affirme encore le communiqué.
Par ailleurs, des échauffourées mineures ont eu lieu samedi dans un quartier périphérique de Bissau, non loin du siège de campagne de Fernando Dias, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des jeunes ont incendié des pneus, disparaissant peu après. Les forces de l’ordre sécurisent actuellement toute la zone et aucun manifestant n’était plus visible sur les lieux.






10 commentaires
La présence d’Embalo au Congo est un signe de soutien de Brazzaville à l’ancien président. Mais que peut vraiment faire le gouvernement congolais face à une junte militaire ?
Si la transition dure un an comme prévu, cela signifie une année de flottement politique et économique. Les investisseurs seront-ils prêts à prendre le risque ?
La junte a dit vouloir préparer de nouvelles élections, mais qui peut leur faire confiance ? L’histoire montre que les militaires finissent souvent par garder le pouvoir plus longtemps.
Domingos Simoes Pereira a-t-il été vraiment écarté du scrutin, ou est-ce une excuse montée de toutes pièces par le pouvoir en place ? Ces accusations sont Classic en Afrique.
La Guinée-Bissau a une longue histoire de coups d’État, mais chaque fois cela retarde le développement du pays. Les élections suspendues étaient censées être un pas vers la stabilité.
Les ressources naturelles de la Guinée-Bissau, comme la bauxite, pourraient-elle expliquer cet intérêt soudain des militaires ? Historiquement, non.
Un autre putsch en Afrique de l’Ouest, ça ne surprend plus mais ça reste inquiétant. La question est de savoir si la junte respectera sa promesse d’une transition d’un an.
Un raid contre le siège du PAIGC, cela ressemble à une manœuvre d’intimidation pour semer la peur. L’opposition doit rester unie dans cette crise.
La communauté internationale doit agir pour éviter un autre chaos prolongé. La Guinée-Bissau a besoin de stabilité, pas d’un gouvernement militaire qui prolongera la crise.
La situation en Guinée-Bissau est préoccupante, surtout avec un autre coup d’État dans un pays déjà instable. Espérons que les médiateurs régionaux pourront débuter des négociations rapidement.