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Les Français pourraient se mobiliser en nombre, jeudi 18 septembre, pour la journée intersyndicale, à l’image de celles qui avait marqué les actions contre la réforme des retraites en 2023. Entre 600 000 et 900 000 manifestants sont attendus jeudi, selon les prévisions du ministère de l’intérieur.
CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, FSU et Solidaires seront unis, jeudi, dans la rue. « Coupes dans le service public, énième réforme de l’assurance chômage, gel des prestations sociales, désindexation des pensions de retraite… » Pour les organisations syndicales, les mesures avancées cet été sont d’une « brutalité sans précédent ».
Défilés et rassemblements syndicaux
Les rassemblements sont prévus dans toute la France : Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Nice, Rennes, Lille, Montpellier, Nîmes, Perpignan. Une carte interactive des manifestations publiée par la CGT recense les lieux et les horaires des différentes actions dans chaque département. A Paris, le cortège syndical s’élancera à 14 heures de la place de la Bastille pour rallier celle de la Nation, en passant par la République.
Dans un télégramme daté de mardi, adressé aux préfets et aux responsables des forces de l’ordre, le ministre de l’intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, leur demande de mobiliser tous les moyens nécessaires pour « détecter, intercepter et fouiller les individus pouvant être suspectés de comportements violents et de les tenir à l’écart des manifestants ».
Le ministre répète en outre qu’« aucune dégradation de bâtiments publics ou emblématiques ne saurait être tolérée » et que « toute tentative de blocage des infrastructures essentielles à la vie de la nation devra être entravée en amont et faire systématiquement l’objet d’un déblocage dans les délais les plus brefs ». Enfin, Bruno Retailleau alerte sur les risques de sabotages et de blocages dès la nuit de mercredi à jeudi.
Le dispositif de sécurité sera du même ordre que celui mis en place le 10 septembre, soit environ 80 000 policiers et gendarmes accompagnés du déploiement des engins blindés Centaure de la gendarmerie et de canons à eau. A Paris, comme lors de chaque journée d’action d’ampleur, les lieux emblématiques du pouvoir tels que l’Elysée, Matignon, l’Assemblée nationale ou le Sénat feront l’objet d’une protection renforcée.
Transports
La circulation des trains sera perturbée dans toute la France jeudi, en particulier celle des Intercités et des TER et aucun métro parisien, à l’exception des lignes automatiques (1, 4 et 14), ne circulera en dehors des heures de pointe, ont annoncé mardi la SNCF et la RATP. Pendant ces créneaux, le nombre de trains sera réduit sur toutes les lignes de métro non-automatiques, jusqu’à un sur cinq pour la ligne 3, et la desserte de certaines lignes s’arrêtera avant leur terminus, a précisé la RATP. Dix stations seront fermées toute la journée, comme celles de Place de Clichy, Opéra, Bastille ou République.
En Ile-de-France, sur le réseau SNCF, le trafic des trains et des RER sera plus ou moins affecté selon les lignes. Pour le RER A, trois rames sur quatre circuleront en heures de pointe, deux sur trois en heures creuses. Concernant le RER B, qui relie notamment Paris à l’aéroport Charles-de-Gaulle, seul un train sur deux circulera toute la journée. Les autres lignes de RER seront également perturbées, en particulier la D et la E. L’interconnexion sera assurée à la gare du Nord, à Paris. Le trafic sera « légèrement perturbé » sur la ligne P et normal sur la ligne J.
Sur le réseau de bus, 70 % des lignes exploitées par la RATP circuleront normalement ou presque, a fait savoir la régie. Le réseau de tramway sera relativement épargné, à l’exception des lignes T5 et T7.
« Quelques perturbations sont à prévoir pour les TGV InOui en France ou vers l’Europe, TGV Lyria et Ouigo, mais l’ensemble des clients devrait pouvoir voyager dans la journée », annonce la SNCF dans son communiqué. « Tous les clients » de ces lignes « bénéficient d’une possibilité d’annuler ou d’échanger leur billet sans frais », précise-t-elle. Sur les lignes Intercités, un train sur deux est prévu et un sur trois pour les TER.
Les organisations syndicales appellent à faire grève et à manifester pour contester des mesures budgétaires qualifiées de « brutales » annoncées cet été et que le nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu, n’a pour l’heure pas écartées. Le taux de grévistes devrait atteindre « 90 % chez les conducteurs de métro et 80 % chez les conducteurs de RER », a estimé FO-RATP, deuxième syndicat du groupe RATP.
En revanche, le service sera « quasi normal » dans les aéroports français, a annoncé le ministre des transports démissionnaire, Philippe Tabarot, puisque le principal syndicat de contrôleurs aériens, le SNCTA, a reporté sa grève, estimant ne plus avoir d’interlocuteur après la démission du gouvernement. « Il n’y aura qu’une centaine de contrôleurs aériens qui se sont déclarés grévistes », a précisé le ministre, ce qui devrait causer « probablement quelques retards », notamment dans le sud du pays.
Ecoles
La FSU-SNUipp, premier syndicat du primaire, prévoit qu’un tiers des enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) seront grévistes, jeudi, dans le cadre de la mobilisation nationale pour contester les mesures budgétaires annoncées cet été, a-t-elle précisé mardi à l’AFP. « Nos premiers chiffres font état d’un tiers de grévistes pour les enseignants du primaire de l’école publique », a expliqué Aurélie Gagnier, cosecrétaire générale et porte-parole de la FSU-SNUipp. « L’école publique a urgemment besoin de moyens à la hauteur et d’un véritable budget », a insisté la FSU-SNUipp dans un communiqué publié mardi.
Selon une enquête de rentrée menée par ce syndicat, au sein des 6 063 écoles qui ont répondu, près de 3 000 classes ne disposaient pas d’un enseignant affecté pour l’année scolaire. Plus de 80 % des établissements ont, par ailleurs, déclaré avoir au moins une classe avec plus de vingt-deux élèves, et 57 % avoir au moins un élève sans AESH (accompagnant d’élève en situation de handicap) à ses côtés, a-t-elle précisé dans son communiqué.