Listen to the article

0:00
0:00

Un quart de siècle après sa publication, l’un des articles de recherche les plus influents jamais publiés sur le potentiel cancérogène du glyphosate a été rétracté pour « plusieurs problèmes critiques (…) portant atteinte à [son] intégrité académique et à ses conclusions ». Dans une notice de rétractation du vendredi 28 novembre, la revue Regulatory Toxicology and Pharmacology a annoncé que l’étude, datée d’avril 2000 et qui concluait à la sûreté du célèbre herbicide, est retirée de ses archives. Ce désaveu intervient vingt-cinq ans après sa publication, et huit ans après les révélations de milliers de documents internes de la firme Monsanto rendus publics par la justice américaine (les « Monsanto Papers »), indiquant que les réels auteurs de l’article ne seraient pas ses signataires – Gary M. Williams (New York Medical College), Robert Kroes (Ritox, université d’Utrecht, Pays-Bas) et Ian C. Munro (Intertek Cantox, Canada) –, mais plutôt des cadres de la société.

Cette pratique, baptisée « ghostwriting » (littéralement « écriture fantôme »), est considérée comme une forme de fraude scientifique. Elle consiste, pour certaines firmes, à rémunérer des chercheurs afin qu’ils acceptent de signer des articles de recherche dont ils ne sont pas les auteurs. La motivation est simple : lorsqu’une étude s’avère favorable à un pesticide ou à un médicament, elle apparaît bien plus crédible si elle n’est pas signée par des scientifiques de la société qui le commercialise.

Il vous reste 74.28% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager.

Salle de presse de TheNews.re. Nous couvrons l'actualité réunionnaise et internationale avec rigueur et objectivité. Notre mission : informer les citoyens avec des analyses approfondies sur la politique, la société, l'économie et la culture.

10 commentaires

  1. Antoine Robert le

    Vingt-cinq ans, c’est long pour rectifier une telle erreur. Espérons que cela incite à plus de vigilance dans les revues scientifiques.

  2. Cette rétractation soulève des questions sur l’influence des industriels dans la recherche scientifique. Comment garantir l’indépendance des études à l’avenir?

  3. Une découverte inquiétante, mais hélas pas surprenante compte tenu des révélations précédentes sur Monsanto. La transparence est plus que jamais nécessaire.

  4. Les documents internes révélés par les Monsanto Papers avaient déjà éclairé sur la manipulation des données. Pourquoi tant de temps pour agir?

  5. Camille Thomas le

    Est-ce que d’autres études similaires pourraient être concernées? Cette affaire pourrait-elle avoir un impact sur l’utilisation réglementaire du glyphosate?

  6. Chloé Bernard le

    Une rétractation est rare, surtout après tant d’années. Cela montre que des mécanismes de contrôle peuvent fonctionner, même tardivement.

  7. On voit ici les limites du peer-review lorsque les études sont financées par des intérêts privés. Un vrai problème de conflit d’intérêt.

  8. Claire P. Martin le

    Le ghostwriting est une pratique choquante. Cependant, est-ce que cela invalide automatiquement toutes les conclusions de l’étude originale?

Laisser une réponse