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Economiste, docteur en mathématiques et en théologie, prêtre jésuite, engagé sur les questions écologiques, Gaël Giraud fait l’objet d’un signalement à la justice et d’une enquête interne de l’Eglise catholique pour des soupçons de violences sexuelles, a annoncé mercredi 17 décembre son ordre religieux à la suite de témoignages parus dans l’hebdomadaire La Vie. Le parquet de Paris a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) avoir reçu un signalement de la Compagnie de Jésus, la congrégation des jésuites, le 25 novembre.
Une enquête préliminaire canonique – c’est-à-dire relevant du droit de l’Eglise catholique – a également été ouverte, annonce la province d’Europe occidentale francophone de la compagnie, dont dépend Gaël Giraud, entré chez les jésuites en 2004 et ordonné prêtre en 2013. « Dès que nous avons été informés de faits décrits comme une agression sexuelle, nous avons accueilli ces paroles avec toute l’attention, l’écoute et l’empathie qu’exige une telle situation », assure la province jésuite dans un communiqué.
Soupçons de violences sexuelles
L’enquête de l’hebdomadaire catholique La Vie s’appuie sur les récits de plusieurs anciens collaborateurs et proches de l’économiste, aujourd’hui âgé de 55 ans. Sandra (prénom modifié), qui appartient à l’ordre des « vierges consacrées », relate une relation sous emprise spirituelle et psychologique ayant dérivé vers des rapports sexuels pouvant « s’apparenter à un viol ». Une autre femme, Chloé (prénom modifié), accuse le prêtre de l’avoir « installée dans une vision de la sexualité qui était celle de la contrainte ».
David (prénom modifié), un ancien doctorant, décrit un « fonctionnement sectaire » incluant des pressions quotidiennes lors de son passage dans le laboratoire dirigé alors par Gaël Giraud à l’université jésuite de Georgetown, à Washington. Ce dernier lui reproche également d’avoir plagié ses travaux de recherche dans un article scientifique publié en avril 2022.
Des accusations contestées par Gaël Giraud
Interrogé par La Vie, Gaël Giraud conteste « formellement et en bloc » l’ensemble des accusations portées contre lui, qu’il qualifie d’« allégations » et d’« insinuations ». Il met en cause une « coordination » au sein du « groupe de presse » dont fait partie La Vie et Le Monde visant, selon lui, à le « diffamer ». Il a par ailleurs affirmé avoir déposé son propre signalement canonique pour harcèlement moral contre le responsable régional de la Compagnie de Jésus.
La congrégation rappelle avoir déjà imposé au prêtre des mesures conservatoires depuis janvier 2024, incluant une interdiction de publication et un suivi psychologique, après lui avoir refusé l’accès à ses vœux définitifs en raison de « comportements inappropriés ».
Gaël Giraud avait été mis en avant lors de la « primaire populaire », mouvement citoyen qui plaidait pour une candidature commune à gauche à l’élection présidentielle de 2022.









20 commentaires
Le signalement à la justice et à l’Eglise montre une volonté d’établir les faits, mais le processus sera long.
L’enquête canonique risque de manquer de transparence, hélas.
Quelle triste nouvelle pour les jésuites, déjà confrontés à d’autres scandales similaires.
Cela met en lumière la nécessité de réformes en profondeur dans le clergé.
Ces accusations contre Gaël Giraud choquent d’autant plus qu’il était une figure respectée.
La réputation ne dispense pas de rendre des comptes devant la justice.
Un cas de plus qui rappelle l’urgence de changements structurels dans l’Eglise catholique.
Les promesses de changement restent souvent des vœux pieux.
Cette affaire soulève des questions graves sur la responsabilité des institutions religieuses face aux violences sexuelles.
En effet, la transparence et des procédures claires sont essentielles pour restaurer la confiance.
Malheureusement, ces scandales semblent récurrents dans l’Eglise.
Les témoignages publiés dans La Vie méritent d’être entendus avec attention.
Absolument, chaque voix compte dans une enquête aussi délicate.
Les violences sexuelles dans les milieux religieux doivent être combattues sans compromis.
Un économiste engagé sur l’écologie, maintenant impliqué dans une affaire judiciaire…
C’est une chute inattendue pour quelqu’un de son influence.
La Compagnie de Jésus affirme avoir réagi rapidement, mais les faits mettent leur crédibilité à l’épreuve.
Le temps dira si leur réponse est à la hauteur des accusations.
Les auditions des témoins seront cruciales pour faire la lumière sur cette affaire.
L’Eglise doit laisser la justice civile agir en toute indépendance.