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« J’assume », glisse Yves Janvier, 89 ans, jeudi 2 octobre, au sortir du Palais de justice de Paris. Le pas alerte, le teint hâlé, l’ancien ingénieur toulousain est le doyen des douze prévenus, tous membres ou anciens membres de l’association Ultime liberté, contre lesquels la procureure Dorothée Branche a requis, jeudi, des peines de prison avec sursis allant de trois à dix-huit mois pour « importation, détention ou complicité d’acquisition de substance illicite ».
M. Janvier et onze autres « petits vieux », comme les a présentés une avocate de la défense, comparaissent depuis le 15 septembre devant le tribunal correctionnel pour avoir aidé des dizaines de personnes à mettre fin elles-mêmes à leurs jours en leur permettant de se procurer à leur demande du pentobarbital, un barbiturique dont la vente est interdite en France depuis 1996, sauf aux vétérinaires ou dans le cadre de certaines préparations hospitalières.
Les trois semaines d’audience ont été pour l’association Ultime liberté – à travers le procès de ses membres – l’occasion de défendre le droit au suicide pour des personnes, malades ou non, disposant de leur pleine conscience. Cités comme témoins par la défense, plusieurs partisans de l’aide à mourir ont défilé à la barre. Parmi eux, la docteure Véronique Fournier, autrice d’un livre, Sept vieilles dames et la mort (Michalon, 2024), est venue défendre une loi qui permettrait à des personnes en très grande vieillesse de décider dans un cadre médical de demander à être aidées à mourir. Le philosophe André Comte-Sponville s’est fait l’apôtre de la liberté pour soi-même de décider de mourir. « Il faut mener deux combats à la fois : autoriser le suicide assisté et combattre le fléau du suicide », a-t-il expliqué.
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9 commentaires
Le pentobarbital est un sujet brûlant depuis des années. En limiter l’accès, même à des fins éthiques, est-il la réponse appropriée?
Les aveux clairement assumés par Yves Janvier montrent un engagement sincère. Mais qui jugera si ces actes répondaient à une réelle nécessité éthique?
L’intention des membres de l’association était louable, mais la légalité reste à clarifier.
Toujours choqué qu’un débat aussi sensible soit réduit à des peines de prison. Et si la solution était d’augmenter les peines d’amende plutôt que d’enfermer des personnes âgées?
Une approche plus adaptée ? Peut-être, mais cela ne règle pas la question de fond.
Un cas fascinant qui mêle justice et philosophie. Le tribunal devra trancher entre compassion et respect de la loi…
Une décision controversée qui soulève des questions éthiques profondes. Comment concilier le droit à l’autodétermination et la protection des plus vulnérables?
C’est un débat complexe, mais l’association semble avoir agi avec discernement et bienveillance.
Le législateur a son mot à dire, mais où placer la limite entre bien-être et liberté individuelle?