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France Télévisions et Radio France s’en remettent désormais à la justice. Les deux entreprises de l’audiovisuel public ont saisi le tribunal de commerce, la semaine du 10 novembre, pour dénigrement constitutif d’une concurrence déloyale envers CNews, Europe 1 et Le Journal du dimanche − une information révélée par Le Figaro, que les deux groupes confirment.
Le projet était en gestation depuis que, en septembre, les critiques venues des médias du groupe Bolloré ont plu sans discontinuer, pendant plusieurs jours, dans un déluge d’une intensité exceptionnelle. La diffusion, par le média conservateur en ligne L’Incorrect, d’une vidéo volée montrant deux journalistes de l’audiovisuel public en conversation privée avec deux responsables du Parti socialiste (PS) avait fait office de déclencheur.
Sur l’antenne de CNews, le présentateur Pascal Praud, notamment, assumait d’être entré dans une « bataille culturelle ». En portant leur riposte judiciaire sur le terrain commercial, France Télévisions et Radio France font preuve de pragmatisme. Les deux entreprises semblent ainsi rappeler qu’au-delà de la promotion d’un projet idéologique, les médias du groupe Bolloré ont un intérêt économique à dénigrer leurs confrères du public. La chaîne d’information CNews est, en effet, une concurrente directe de Franceinfo (la télévision), et Europe 1, une station de radio généraliste, au même titre que France Inter.
« Caractère outrancier »
Dans une lettre ouverte adressée, en septembre, à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, et Sibyle Veil, la présidente de Radio France, avaient dénoncé une « campagne de dénigrement ». « Le caractère outrancier et déséquilibré de cette campagne, était-il écrit dans le courrier, dépasse désormais le simple débat d’opinions : il contribue à miner la confiance dans l’information de service public, à relativiser la responsabilité de l’acte d’informer – qui suppose honnêteté et rigueur – et, ce faisant, à fragiliser la qualité du débat démocratique ». L’Arcom avait assimilé cette interpellation comme une saisine, avant de se raviser, celle-ci n’étant pas formellement formulée.
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13 commentaires
Un procès en concurrence déloyale, c’est assez rare dans ce secteur. Cela pourrait créer un précédent intéressant.
Les critiques du groupe Bolloré ont manifestement dépassé les bornes. La réponse de France Télévisions parait proportionnée.
Les límites de la liberté d’expression sont parfois flous.
Une bataille commerciale, culturelle et juridique. C’est l’une des facettes du paysage médiatique actuel en France.
Cette affaire illustre les tensions croissantes dans le paysage médiatique français. La riposte juridique semble être une stratégie prudemment calculée.
C’est une bataille qui dépasse la simple concurrence économique.
Curieux de voir comment les tribunaux vont trancher cette affaire complex. La justice sera-t-elle favorable au service public ?
La bataille culturelle mentionnée par Praud prend désormais une dimension judiciaire. Les enjeux économiques sont évidents.
Oui, l’argent parle toujours plus fort dans ce domaine.
Cette affaire montre à quel point les médias publics peuvent être vulnérables face à des attaques coordonnées.
L’audiovisuel public se défend bec et ongles, c’est leur droit. Mais cette guerre judiciaire risque de s’éterniser.
Les procédures légales sont souvent longues, surtout dans ce contexte.
Les médias publics se doivent de protéger leur intégrité. Cette action en justice semble légitime.