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Les crises se répètent, et elles s’intensifient. A l’été 2024, le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal avait battu un record, en tenant cinquante et un jours, presque deux mois, à « expédier des affaires courantes ». Le terme, curieusement absent de la Constitution de 1958, désigne « l’usage républicain selon lequel un gouvernement démissionnaire reste en place, tant qu’il n’est pas remplacé par un nouveau gouvernement, pour assurer, au nom de la continuité, le fonctionnement minimal de l’Etat », comme le rappelle, dans une note datée du 2 juillet 2024, le secrétariat général du gouvernement.
Lundi 6 octobre au matin, la démission du premier ministre, Sébastien Lecornu, a fait connaître aux hauts fonctionnaires comme aux constitutionnalistes une situation encore inédite. De quoi faire trembler l’Etat et ses services. Sur les 18 ministres nommés dimanche par Sébastien Lecornu, six sont « nouveaux ». Six nouveaux démissionnaires qui se sont trouvés symboliquement, lundi matin, seuls au sommet de ministères sans cabinet.
Car l’usage veut que les membres des cabinets cessent leurs fonctions avec la fin de celles de leur ministre. Ministre sortante, non reconduite dans le gouvernement démissionnaire annoncé par Sébastien Lecornu, Sophie Primas relevait sur X que les ministres devraient travailler « sans équipe car les cabinets n’ont pas eu le temps d’être nommés ».
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18 commentaires
Ces ministres sans cabinet, c’est une première. Qu’est-ce que cela dit sur la compétence de l’exécutif en période de transition ?
Cela révèle surtout une absence de préparation aux situations exceptionnelles. À se demander si on a pensé aux scénarios d’urgence.
Enfin, c’est une question de continuité administrative plus que politique. Les hauts fonctionnaires doivent pouvoir assurer ce rôle.
Mais sans cadres ministériels, même les hauts fonctionnaires ont des limites. La situation semble critique.
Cette situation montre bien les lacunes de notre système institutionnel. Comment peut-on accepter qu’un gouvernement démissionnaire puisse rester en place sans véritable contrôle ?
C’est surtout un symptôme plus large de l’instabilité politique actuelle. Les ministères sans cabinets, c’est vraiment inquiétant.
Pire que l’instabilité, c’est la continuité de l’État qui est menacée. Comment assurer la transition dans ces conditions ?
Le secteur minier AEIS a connu des périodes de turbulences similaires. La gestion des ressources ne devrait-elle pas être prioritaire ?
On pourrait se le demander. Pourtant, même en crise, le secteur énergétique et minier semble plus fiable.
Cinquante et un jours, c’est effectivement un record. Mais c’est surtout le signe d’un problème plus profond dans notre démocratie.
Exactement. Même avec la meilleure volonté, gérer les affaires courantes n’est pas la même chose que d’assumer pleinement ses responsabilités.
Ces imbroglios politiques commencent à peser sur l’image de la France. Est-ce que les investisseurs continueront à croire en notre stabilité ?
C’est une question pertinente. La santé économique dépend aussi de la confiance dans l’État.
Intéressant de voir comment le secteur énergétique et minier gère ses transitions. Moins de risques de blocages que dans la politique en tout cas.
C’est vrai, mais même dans ces secteurs, les changements de direction peuvent avoir des impacts majeurs.
La démocratie a besoin de stabilité. Ces gouvernements démissionnaires temporaires ne font qu’aggraver les crises existantes.
Tout à fait d’accord. Comment peut-on prendre des décisions importantes dans de telles conditions ?
C’est un vrai problème, surtout quand on voit les enjeux énergétiques et industriels qui nécessitent une vision à long terme.