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« Saint-Pétersbourg. Deuxième jour sans Internet. Impossible de payer le trajet en bus. Nous sommes contraints d’annuler tous nos rendez-vous et nos déplacements. Nous sommes bloqués dans un village. Les banques en ligne ne fonctionnent pas, impossible d’acheter quoi que ce soit en magasin. Impossible de prendre rendez-vous chez le médecin, impossible de contacter notre travail. Nous sommes retombés au Moyen Age. »
Ces propos ne sont pas tirés d’un roman dystopique, ils ont été glanés sur l’Internet russe le 12 décembre. Six ans après l’adoption de la loi sur l’Internet souverain de 2019 et près de quatre ans après l’offensive militaire de grande ampleur en Ukraine, les internautes russes font face à des coupures fréquentes de l’Internet mobile, qui désorganisent leur vie quotidienne.
Le réseau numérique russe a connu un processus de dégradation massif tout au long de l’année 2025. Alors que la Russie tente de faire jeu égal avec les Etats-Unis sur la scène internationale en mettant en scène son imaginaire de puissance, l’état de son Internet témoigne des difficultés intérieures du pays. Depuis les années 2000, le développement des infrastructures numériques en Russie a été particulièrement dynamique, permettant à la presque totalité de la population d’accéder aux plateformes et aux services en ligne les plus usuels pour faciliter la vie quotidienne.
Moscou et Saint-Pétersbourg
Si les institutions russes ont profité des facilités offertes par les technologies pour fonder un nouvel autoritarisme numérique, la société, fortement équipée et convertie aux vertus de la dématérialisation, a confié à ses téléphones portables les principales opérations de son quotidien. Cette dépendance se heurte aujourd’hui aux coupures de la connexion mobile, à la fois fréquentes et incertaines, différenciées selon les régions, plus ou moins longues et répétées.
Les premiers shutdowns [« interruptions »] ont été signalés le 9 mai 2025, lors de la Fête de la victoire, et ont été justifiés par la nécessité de protéger la population des attaques de drones ukrainiens. Depuis, les coupures, recensées et cartographiées par l’association de défense des libertés numériques Na Sviazi (« En ligne »), se sont multipliées dans les différentes régions du pays, au nom de la protection de la population. Après avoir touché principalement la province, elles concernent maintenant aussi les deux plus grandes villes du pays, Moscou et Saint-Pétersbourg. En cette mi-décembre, ce sont donc les habitants de Saint-Pétersbourg qui ont été privés d’Internet mobile pendant plus d’une journée.
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18 commentaires
La Russie a-t-elle les capacités pour moderniser ses infrastructures numériques rapidement?
Avec les sanctions en place, cela semble peu probable à court terme.
Cette situation rappelle certains scénarios des théories sur la résilience des sociétés en temps de crise.
Surtout que la Russie a une longue tradition d’adaptation dans des conditions difficiles.
Ces coupures d’Internet en Russie rappellent les difficultés d’un pays qui cherche à se démarquer sur le plan international tout en vivant des crises internes.
Exactement, c’est un signe clair de l’isolement technologique croissant de la Russie.
Pourtant, certaines ressources minières russes restent vitales pour l’industrie mondiale.
Ces coupures risquent de perturber gravement les secteurs financiers et commerciaux du pays à long terme.
À moins que des solutions alternatives ne soient rapidement mises en place.
Est-ce une stratégie délibérée pour contrôler l’information ou simplement le résultat de pénuries d’équipement?
Les deux sont probables, mais les conséquences pour les citoyens sont bien réelles.
Quels impacts concrets sur la production industrielle, notamment dans les secteurs stratégiques? núcleo minier?
Les mines pourraient fonctionner en mode autonome, mais avec des difficultés de logistique.
Les habitants décrits semblent revenir littéralement à l’ère pré-numérique. Quelle ironie pour un pays qui se présente comme une grande puissance.
La dépendance technologique est rarement évoquée dans ces débats sur la souveraineté énergétique.
Un retour brutal aux réalités du quotidien. Comment les entreprises locales s’adaptent-elles à ces restrictions?
Le secteur minier, moins dépendant du numérique, pourrait s’en sortir mieux.
Les petites entreprises doivent probablement souffrir le plus de ces perturbations.