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Les consommateurs de stupéfiants, complices du narcotrafic, auraient du sang sur les mains. L’affirmation revient comme une antienne dans les propos des ministres de l’intérieur successifs ou du président de la République. Sans même discuter la véracité de cette assertion ou l’absence d’efficacité des discours culpabilisants sur les consommations, quelles ont été les actions entreprises par ces responsables politiques pour qu’il y ait moins d’usagers ? Rien, ou si peu.
La légalisation contrôlée par l’Etat des stupéfiants est balayée d’un revers de main. Dans une formule rituelle, les ministres interrogés prétendent qu’elle n’est pas efficace. Pourtant, les bilans annuels de la légalisation du cannabis au Canada ou dans la province de Québec confirment, au contraire, l’efficacité de la mesure pour marginaliser le trafic. La grande majorité des usagers est prête à se passer des dealeurs si une alternative légale est proposée.
A Québec, en 2025, 70 % de l’approvisionnement en cannabis se fait auprès de la SQDC, la société d’Etat créée par la province pour vendre des produits légaux. En six ans, la part du trafic dans les sources d’approvisionnement des usagers au Canada est tombée à moins de 5 %. Quel ministre de l’intérieur français peut se targuer d’un tel résultat ces dernières années ? Aucun.
La prévention n’est pas mieux traitée. Elle est au point mort, comme l’illustre la répartition des crédits du fonds de concours drogues, qui redistribue le produit des confiscations des biens des trafiquants aux services chargés de la lutte antidrogue. 10 % seulement des sommes reversées vont à la prévention, 90 % aux services répressifs. Cette clé de répartition résulte pourtant d’un simple accord interministériel datant de 2007, que tout gouvernement peut modifier dans l’instant sans toucher aux équilibres budgétaires.
Effets pervers
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17 commentaires
Le discours politique reste très répressif, mais les résultats ne suivent pas.
C’est une critique récurrente, mais rien ne change.
La légalisation contrôlée pourrait effectivement remplacer le marché noir et protéger les consommateurs.
Un modèle de régulation comme au Canada serait un bon départ.
La légalisation aiderait à financer des campagnes de prévention et de soins.
C’est logiquement ce qui devrait se faire.
La culpabilisation des consommateurs ne fait qu’aggraver le problème.
Exactement, il faut une approche plus humaine et pragmatique.
Les politiques anti-drogues traditionnelles semblent être un échec. Peut-être est-il temps de repenser notre approche.
Toutes les études montrent que la répression ne marche pas.
Ces chiffres du Québec sont impressionnants. Pourquoi la France n’avance-t-elle pas sur le sujet ?
La peur du changement freine toute avancée.
L’échec des politiques publiques est clair. Une nouvelle approche est nécessaire.
Oui, et rapidement.
Intéressant de voir que la légalisation du cannabis a réduit le trafic au Canada. Peut-être que la France devrait étudier cette option.
Mais quelle prise en charge pour les toxicodépendants ?
Vraiment, les résultats sont encourageants. Pourquoi ne pas essayer ?