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Pour soulager « immédiatement » les éleveurs de la prédation des loups, le gouvernement français présente comme une adaptation pragmatique l’idée d’autoriser tous les éleveurs à les abattre en conditionnant le tir à une simple déclaration postérieure. C’est, en réalité, un choix politique lourd de conséquences.

Le gouvernement achève ainsi d’enterrer un plan national d’actions déjà « zombie » depuis son détricotage amorcé en 2012-2013. En dix ans, la « protection » des loups a dérivé d’une prévention graduée et proportionnée des attaques sur les troupeaux domestiques – avec mesures de protection, tirs d’effarouchement suivis en dernier recours de mesures létales – vers la gestion d’un niveau de population de loups estimé autour de 1 000, avec un seuil de prélèvement annuel fixé à 19 %.

Ce tournant a déconnecté le recours aux mesures létales de la réalité des attaques qu’elles sont censées réguler. L’augmentation des dégâts liée à l’expansion de l’aire de présence de l’espèce résulte surtout de dommages faibles, qui ne devraient pas justifier, selon la jurisprudence administrative, le recours systématique à des tirs de destruction. Les prédations importantes demeurent très localisées.

Plus de la moitié des fermes en zones à loups ne subissent aucune attaque, 80 % des élevages effectivement attaqués en subissent une ou deux et seules 6,4 % des exploitations plus de six, selon les chiffres du ministère de la transition écologique. En facilitant partout et sans discernement la mise à mort, l’acceptabilité sociale de l’espèce est sapée, même là où la prédation reste marginale. Les études récentes le confirment : pris comme mesure unique, les tirs n’ont pas d’effets durables. Ils peuvent même accroître la prédation en désorganisant les meutes et détournent l’attention des transformations nécessaires des pratiques d’élevage en présence de loups.

Impératif politique

Cette orientation prolonge une politique publique réduite à son degré zéro et cautionne de surcroît la violence verbale et physique de représentants syndicaux agricoles organisant hors cadre légal des battues, comme récemment en Corrèze et en Haute-Marne. Elle laisse présager un désengagement financier de l’Etat, en reléguant au second plan le soutien aux moyens de protection.

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20 commentaires

  1. Interesting update on « En facilitant la mise à mort des loups, l’acceptabilité sociale de l’espèce est sapée même là où la prédation reste marginale ». Curious how the grades will trend next quarter.

  2. Camille Durand le

    Interesting update on « En facilitant la mise à mort des loups, l’acceptabilité sociale de l’espèce est sapée même là où la prédation reste marginale ». Curious how the grades will trend next quarter.

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