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En ce moment, l’Europe porte un regard admiratif, voire envieux, sur l’Espagne, notamment la France qui peut se demander si la gestion budgétaire ibérique est transposable. Avec un parlement divisé, les Cortes [Sénat et Congrès des députés] n’ont pas voté un budget depuis trois ans mais, étonnamment, l’instabilité politique ne s’est pas traduite en instabilité économique. Les dépenses étant reconduites d’une année sur l’autre, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a permis d’augmenter les recettes fiscales et de combler le déficit, ce qui est apprécié des agences de notation, des marchés financiers et de la Commission européenne. Au moins, tant que la croissance est là.
La véritable question est donc de comprendre pourquoi seule l’Espagne, parmi les grands pays européens, rivalise en matière de taux de croissance avec celui des Etats-Unis – plus de 2 % par an depuis la pandémie. Le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a-t-il trouvé une botte secrète dont la gauche française pourrait s’inspirer ? La question est d’importance, au moment où le thème du déclin de l’Europe est populaire, en particulier à la Maison Blanche. Les choix ont été judicieux, mais les circonstances ont aussi aidé.
Dans trois domaines, le gouvernement espagnol a mené une politique propice à la croissance : le marché du travail, l’immigration et l’énergie. Le premier était caractérisé par des fortes rigidités qui amenaient les entreprises à promouvoir les contrats à durée déterminée, faisant de l’Espagne la championne européenne de ce type de contrats. La réforme [du travail adoptée en 2021] a simultanément rendu plus difficile de justifier le recours à des contrats temporaires en favorisant les contrats à durée indéterminée et augmenté la flexibilité pour les entreprises en difficulté. La hausse du salaire minimum de 61 % a eu peu d’effet négatif sur l’emploi, car seuls 7 % des travailleurs sont rémunérés à ce niveau, qui reste inférieur de 400 euros au smic brut français, rendant l’Espagne toujours attractive pour les entreprises. La participation au marché du travail s’en est trouvée encouragée.
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14 commentaires
Toujours fascinant de voir comment une gestion pragmatique peut compenser l’absence de budget voté. Et dire que certains pays s’enferment dans des rigidités…</
C’est vrai, mais ça ne durera clairement pas indéfiniment. La chance économique finira par tourner…
Un modèle économique à étudier de près ! Mais est-ce vraiment reproductible ailleurs, surtout avec des contraintes politiques similaires ?
La flexibilité budgétaire et la croissance semblent être des clés, mais chaque pays a ses spécificités.
Un exemple qui montre que l’instabilité politique n’est pas forcément un frein à la croissance. Intéressant !
Mais on voit aussi des pays où c’est clairement le cas. L’Espagne semble faire exception.
L’Espagne semble effectivement avoir trouvé une recette économique interessante malgré l’instabilité politique. On se demande comment ça peut fonctionner si bien.
C’est surtout la croissance du PIB qui a permis de compenser, mais jusqu’à quand ?
Cela montre que des politiques économiques flexibles peuvent parfois porter leurs fruits, oui.
La France devrait peut-être regarder de plus près ce qui se passe en Espagne, surtout avec les questions actuelles sur le déclin européen.
Encore faudrait-il que les politiques aient l’humilité d’apprendre ailleurs.
2% de croissance par an, c’est ce que visent beaucoup d’États, mais peu y arrivent. L’Espagne a-t-elle des atouts particuliers ?
La question est justement de savoir si c’est durable ou si c’est juste une conjoncture favorable.
Le modèle espagnol semble prouver que la stabilité politique n’est pas toujours nécessaire pour une économie florissante. À méditer…