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Le 9 décembre, les premiers ministres britannique et danois, Keir Starmer et Mette Frederiksen, ont publié une tribune dans The Guardian appelant à une réforme de la Convention européenne des droits de l’homme au nom de la lutte contre l’extrême droite. Présentée comme une solution pour « sauver la démocratie », leur proposition ne fait en réalité que légitimer les thèses populistes et affaiblir les fondements mêmes de l’Etat de droit. Pire : elle repose sur une manipulation des chiffres et une occultation des enjeux réels de l’immigration en Europe.
M. Starmer et Mme Frederiksen justifient leur projet par la nécessité de répondre aux peurs des électeurs face à l’immigration. Pourtant, leurs arguments reposent sur des contre-vérités et une focalisation sélective sur les demandeurs d’asile, qui ne représentent qu’une infime partie des flux migratoires.
Au Royaume-Uni, entre juin 2023 et juin 2024, 1,16 million de visas (travail, études, regroupement familial) ont été délivrés pour pallier la pénurie de main-d’œuvre post-Brexit et post-Covid – notamment dans les domaines de la santé, de l’agriculture ou de la tech. Pourtant, le débat public se concentre sur les traversées illégales de la Manche, alors qu’elles étaient à peine plus de 38 000 sur la même période, soit moins de 5 % de l’immigration totale. Une distraction opportuniste pour éviter de parler de l’immigration économique, pourtant indispensable à l’économie britannique.
Au Danemark, seulement 2 200 demandes d’asile ont été enregistrées en 2024 (0,2 % des demandes dans l’Union européenne). Le pays n’est donc pas « submergé », mais son gouvernement utilise la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) comme bouc émissaire pour justifier des restrictions symboliques. Pourtant, la CEDH [qui veille à l’application de la Convention européenne des droits de l’homme] n’a jamais empêché le Danemark de protéger son modèle social – elle lui a simplement rappelé ses obligations en matière de droits humains.
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6 commentaires
Il est inquiétant de voir des leaders comme eux rejeter le multilatéralisme pour des postures politiques.
Ces chiffres montrent clairement que la panique autour des demandeurs d’asile est instrumentale.
Cette tribune semble plus motivée par des calculs électoraux que par un réel souci du droit.
En visant les droits humains, Starmer et Frederiksen font un dangereux glissement vers le populisme.
Je comprends leurs craintes face à l’extrême droite, mais à quel prix ?
Intéressant de voir comment la politique migratoire influence les discours des dirigeants européens.