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A moins de trois mois du quadruple scrutin du 28 décembre en Centrafrique, la principale plateforme de l’opposition, le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP), mercredi 8 octobre, qu’elle le boycottera, accusant le pouvoir de verrouiller le processus électoral. « Nous n’y participerons pas », a martelé son coordonnateur, Crespin Mboli Goumba, après des mois de demandes de dialogue restées sans réponse par le président Faustin-Archange Touadéra. Cette annonce intervient à quelques jours de la fin du dépôt des candidatures, fixée au 11 octobre.
Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a officiellement déposé sa candidature le 2 octobre. « Le peuple voulait absolument être rassuré que mon dossier de candidature soit déposé aujourd’hui. C’est chose faite », a-t-il déclaré à la presse devant le siège de la commission électorale. Les dirigeants du BRDC ont régulièrement critiqué le processus électoral, qu’ils jugent « tronqué », et s’étaient déjà opposés à la possibilité pour le président sortant de briguer un troisième mandat lors du référendum pour la nouvelle Constitution, adoptée en 2023.
Le président avait initialement affiché son ouverture à un dialogue, en mars, avant de durcir sa position lors du congrès de son parti, le Mouvement cœurs unis (MCU), en juillet. Une réunion inaugurale a cependant eu lieu le 2 septembre en présence du chef du gouvernement, de ministres, du BRDC et de membres de la communauté italienne catholique Sant’Egidio, imposés par les autorités. Aucun calendrier pour la poursuite des discussions n’a été proposé depuis par le gouvernement, alimentant les accusations de « duplicité » portées contre le président Touadéra.
« Trahison »
L’opposition est divisée : Anicet-Georges Dologuélé, arrivé deuxième à la présidentielle de 2020, a annoncé sa candidature, mercredi, pour le compte de l’Union pour le renouveau centrafricain (URCA). Son parti a été exclu du BRDC dans la foulée pour « trahison ». « Depuis juin 2016, j’ai été opposant jusqu’à aujourd’hui, et je vais rester opposant. Je n’ai trahi personne, je ne joue que mon rôle », a-t-il déclaré mercredi lors du congrès de son parti. Il avait renoncé à sa nationalité française en août pour se conformer à la Constitution de 2023, qui interdit la candidature aux binationaux.
Face à lui, Henri-Marie Dondra, 58 ans, ancien premier ministre, a lui aussi officiellement déposé sa candidature, disant miser sur « l’engouement » autour de celle-ci, mais critiquant des élections « pas inclusives ». A propos de la candidature de Faustin-Archange Touadéra, il a ajouté : « C’est un candidat comme moi, c’est le président sortant. Nous allons nous mettre à l’œuvre pour atteindre la victoire. »
Malgré les appels de l’opposition à suspendre les préparatifs électoraux, le président Touadéra a maintenu le calendrier électoral. Le 29 septembre, il a signé un décret convoquant les électeurs pour le quadruple scrutin présidentiel, législatif, régional et municipal prévu le 28 décembre. La Centrafrique n’a pas connu d’élections municipales depuis 1988.
Lors des dernières élections présidentielle et législatives, en 2020, plusieurs groupes armés réunis au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) avaient marché vers Bangui pour renverser le président Touadéra. Depuis, deux des principaux mouvements de la CPC ont signé des accords de paix avec les autorités centrafricaines, en avril. La sécurité est rétablie dans la capitale, mais l’instabilité persiste, principalement sur les axes routiers et dans l’est du pays, à la frontière des deux Soudans.
15 commentaires
Les critiques du BRDC sur le processus électoral méritent une réponse claire des autorités.
Le boycottage de l’opposition en Centrafrique pourrait-il avoir un impact réel sur la légitimité de l’élection ?
L’histoire montre que les boycottages n’ont pas toujours empêché les élections de se tenir.
Difficile à dire, mais un boycottage massif affaiblirait sans doute la crédibilité du scrutin.
La nouvelle Constitution autorise-t-elle vraiment un troisième mandat ? Les avis varient.
Les accusations de verrouillage du processus électoral semblent sérieuses. Faut-il s’en inquiéter ?
Certes, mais les observateurs internationaux pourraient atténuer ces craintes.
Le dépôt des candidatures est encore en cours, mais les tensions sont déjà palpable. dommage.
Cette situation rappelle les crises électorales passées en Afrique. La communauté internationale devrait-elle intervenir ?
Je m’interroge sur les conséquences d’un éventuel troisième mandat du président Touadéra.
Les risques de tensions politiques augmentent, c’est certain.
Un boycottage pourrait-il créer un vide politique en Centrafrique ?
C’est un scénario possible, mais pas inéluctable.
Les préoccupations de l’opposition sont-elles justifiées ou exagérées ?
Les demandes de dialogue non discutees restent un problème majeur.