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Quand il était en prison en Biélorussie, Andreï Krylou, ingénieur de 63 ans, arborait un badge jaune sur sa chemise. C’est à cela que les geôliers reconnaissent les prisonniers politiques, considérés par le régime de Minsk comme des « extrémistes ». Y figuraient son nom, sa photo, sa date de naissance, le début et la fin prévue de son incarcération. Condamné à cinq ans d’emprisonnement, en 2020, pour un simple commentaire sur un groupe de messagerie Telegram, Andreï Krylou a été relâché quelques semaines avant la fin de sa peine, en septembre, avec 51 autres détenus politiques, puis expulsé vers la Lituanie voisine. « Pour moi, ce badge représente les cinq années de ma vie que l’on m’a volées », dit-il.
Privé, comme tous les détenus, de logement, de passeport et de revenus, et en exil forcé loin de sa famille, cet opposant a trouvé refuge au « château » de l’ONG Dapamoga, à Vilnius, qui accueille les Biélorusses persécutés. En cette fin décembre, Andreï Krylou y cohabite avec quatre compagnons d’infortune, libérés en même temps que lui contre une levée partielle des sanctions américaines visant la compagnie aérienne biélorusse Belavia. Tous les cinq figuraient sur la liste des prisonniers politiques recensés par l’ONG biélorusse de défense des droits humains Viasna, qui documente la répression dans l’ex-république soviétique.
A ce jour, selon l’organisation, 1 103 prisonniers politiques sont toujours aux mains du régime, après la libération, le 13 décembre, de 123 autres, dont le Prix Nobel de la paix 2022, Ales Bialiatski, et des opposants de premier plan. Mais ce nombre ne correspond qu’aux prisonniers que Viasna a pu identifier. En réalité, avertit l’ONG, « plusieurs centaines » d’autres Biélorusses, arrêtés eux aussi pour des raisons politiques, croupissent en prison sans qu’elle puisse les répertorier, faute d’informations suffisantes les concernant.
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9 commentaires
Andréï Krylou, condamné pour un simple commentaire, est un exemple des dérives autoritaires. Combien d’autres innocents croupissent en prison ?
Même après leur libération, ces prisonniers restent vulnérables, privés de leurs droits les plus fondamentaux.
Les prisonniers politiques biélorusses subissent des traitements inhumains, comme le badge jaune qui les stigmatise. Une telle pratique devrait horrifier la communauté internationale.
La communauté internationale semble impuissante face à la répression du régime de Loukachenko. Quelles pressions seraient efficaces ?
Ces sanctions partielles contre Belavia pour libérer des prisonniers politiques montrent la complexité des relations internationales. Est-ce une solution durable ?
Les sanctions ciblant uniquement une compagnie aérienne pourraient en effet manquer de poids politique.
La Biélorussie persiste dans sa répression, malgré les condamnations internationales. L’exemple d’Andréï Krylou montre une fois de plus l’arbitraire du régime.
La situation des prisonniers politiques en Biélorussie est vraiment préoccupante. Comment ces personnes peuvent-elles se reconstruire après de telles épreuves ?
C’est vrai, l’exil et la perte de biens compliquent énormément leur retour à une vie normale.