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S’il fallait choisir un seul symbole de la crise historique dans laquelle se trouve actuellement l’industrie allemande, ce pourrait être celui-là : l’aciériste ThyssenKrupp, emblème de l’histoire industrielle allemande et l’un des berceaux de la codécision, s’apprête à démarrer la restructuration la plus profonde jamais entreprise par le groupe depuis ses origines en 1811.
Selon l’accord signé avec les syndicats, lundi 1er décembre au soir, 11 000 emplois doivent disparaître d’ici à 2030, sur les 26 000 que compte l’entreprise. Les hauts-fourneaux et laminoirs de Duisburg (Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie) verront leur production réduite, de 11,5 millions à 9 millions de tonnes d’acier par an, avant une probable vente à un investisseur étranger. Un paradoxe à l’heure où la souveraineté est érigée comme priorité nationale. Outre-Rhin, l’industrie représente un quart du produit intérieur brut et emploie directement 7,4 millions de personnes.
Bien sûr, ThyssenKrupp a présenté l’opération comme une transition vers un redressement à venir. Un « nœud gordien » a été tranché, s’est félicité Marie Jaroni, la directrice du département acier de ThyssenKrupp, lundi soir, assurant que l’entreprise serait désormais « prête à affronter l’avenir ». L’accord comprend notamment la promesse d’un site de fabrication d’« acier vert » grâce à l’hydrogène, en discussion depuis plusieurs années. Difficile pourtant de partager cet optimisme au vu du chemin de croix parcouru par le groupe depuis quelques années.
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13 commentaires
ThyssenKrupp parle de « transition vers un redressement ». Espérons que les promesses se concrétiseront.
Il leur faudra des résultats concrets pour regagner la confiance des marchés.
ThyssenKrupp, c’est l’histoire industrielle de l’Allemagne en une entreprise. Voir un tel géant trembler est révélateur de la crise actuelle.
Pas seulement trembler, mais se restructurer de fond en comble. Les temps changent, hélas.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une réduction de 2,5 millions de tonnes d’acier, c’est un signe clair des défis que doit relever l’industrie allemande.
L’Allemagne devrait investir davantage dans les technologies vertes pour rester compétitive.
Effectivement, mais est-ce la seule solution ? Les syndicats ont-ils vraiment eu le choix ?
La vente à un investisseur étranger, c’est un paradoxe dans le contexte actuel de souveraineté industrielle. Que pensez-vous des implications géopolitiques ?
C’est effectivement contradictoire, surtout avec les tensions internationales actuelles.
L’acier est un secteur clé, malmené par la concurrence mondiale. Faut-il s’attendre à d’autres restructurations de ce type ?
Probablement, à moins d’une relance ambitieuse et ciblée.
11 000 emplois supprimés d’ici 2030, c’est un coup dur pour les employés et leurs familles. L’industrie européenne est-elle condamnée à disparaître ?
Pas nécessairement, mais les ajustements sont douloureux. Il faut diversifier.