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Nous étions récemment à Kaboul, où parmi les 18 jeunes soignants diplômés cette année à l’hôpital français se trouvaient trois femmes médecins et neuf infirmières. Ce geste, en apparence modeste, est en réalité un acte de résistance. Dans un pays où les femmes voient chaque jour leur espace de liberté se réduire, la simple possibilité pour elles d’achever des études médicales et de soigner est devenue un symbole. Un symbole précieux, donc fragile. Un symbole qu’il faut protéger.
L’hôpital français de Kaboul est aujourd’hui débordé de patients, comme rarement dans son histoire récente. Ils arrivent de toutes les provinces, parfois après des heures ou des jours d’un voyage risqué, pour chercher des soins que beaucoup d’établissements, faute de moyens, ne peuvent plus offrir. L’Afghanistan cumule les épreuves : une guerre larvée avec le Pakistan, deux tremblements de terre meurtriers en quelques semaines, une sécheresse dévastatrice qui compromet l’avenir agricole du pays, un effondrement économique dont les familles les plus vulnérables paient le prix. Et à ces crises s’ajoute une politique intérieure d’une grande sévérité, en particulier pour les femmes, exclues peu à peu de l’espace public, de l’éducation, du travail et parfois même de l’accès aux soins.
Dans ce contexte, l’hôpital français de Kaboul n’est pas seulement un centre de soins. C’est un repère. Un point fixe. Une preuve vivante que la solidarité internationale peut survivre à l’abandon politique. C’est aussi l’héritier d’une relation singulière entre la France et l’Afghanistan : celle des « French doctors », nés sur la frontière afghane dans les années 1980 pour secourir les résistants moudjahidine lors de l’invasion soviétique. Cet héritage, nous devons le prolonger.
Compétence et fidélité
Aujourd’hui encore, malgré les contraintes, les risques et les difficultés, l’hôpital continue d’offrir, avec le soutien de La Chaîne de l’espoir, une médecine exigeante, reconnue, respectée. Depuis vingt ans, il a permis de former 92 spécialistes médicaux, de soigner près de 143 000 patients de toutes les provinces et d’effectuer plus de 53 000 interventions chirurgicales spécialisées, souvent indisponibles ailleurs dans le pays. Il représente ce que la France sait faire de mieux : l’alliance de la compétence médicale et de la fidélité humaine. Le centre de crise du ministère de l’Europe et des affaires étrangères nous soutient déjà dans cet effort. Mais l’enjeu dépasse les seules questions budgétaires : il s’agit de savoir si nous acceptons que l’Afghanistan s’enfonce dans l’oubli.
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10 commentaires
Les familles afghanes les plus vulnérables subissent le pire de la crise économique. Des solutions locales doivent être trouvées pour les aider.
L’hôpital français de Kaboul joue un rôle crucial dans un contexte de pénurie médicale généralisée. Comment les ONG arrivent-elles à financer ces opérations dans un pays aussi instable ?
Les défis en Afghanistan s’accumulent : sécheresse, économie en berne, répression des femmes. Cela donne l’impression d’une crise sans fin.
Malheureusement, sans une solution politique durable, les crise humanitaires ne feront qu’empirer.
Protéger ces symboles de résistance, comme l’accès des femmes à l’éducation, est une priorité. Mais comment éviter qu’ils ne deviennent des cibles ?
La situation des femmes en Afghanistan est alarmante, mais des initiatives comme celle-ci prouvent que la résistance persiste. Comment peut-on aider à distance ?
Le soutien financier aux hôpitaux et universités locales est essentiel, mais la pression politique internationale reste la clé.
Les femmes afghanes font preuve d’un courage incroyable en continuant leurs études malgré les restrictions croissantes. Leur persévérance est une lueur d’espoir dans un pays en crise.
Toutefois, sans soutien international continu, ces avancées pourraient être rapidement effacées.
Les médecins et infirmières afghanes, surtout les trois femmes mentionnées, méritent d’être célébrées. Leur travail est vital.