Listen to the article
Mis au ban de la communauté internationale depuis leur retour au pouvoir, en août 2021, pour leur politique d’exclusion des femmes, les talibans afghans ne ménagent pas leurs efforts pour tenter de corriger une image fortement dégradée en vantant leurs succès économiques.
Grâce à une politique très encadrée de délivrance de visas aux journalistes étrangers leur permettant d’orienter les reportages, le régime de Kaboul aimerait convaincre le monde que le pays est sur la voie du redressement au terme de cette année 2025. Mais la réalité semble plus nuancée. Les grands travaux en cours ne pas toujours suivis d’effets, et des projets souvent mal construits sont suspendus pour des raisons de sécurité, ou bien mettent en danger les relations avec les pays voisins.
En 2025, les autorités talibanes ont régulièrement communiqué sur la réalisation de chantiers, d’infrastructures routières, notamment le tunnel de Salang qui relie la région de Kaboul et le nord du pays. Selon le rapport sur l’Afghanistan publié en juin par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ces projets sont financés par des recettes fiscales qui auraient augmenté, d’après la Banque mondiale, de 12 % par rapport à l’année précédente. L’ONU, pour sa part, a poursuivi, chaque mois, ses livraisons de devises. Une manne qui, selon l’administration américaine, a eu un impact économique positif et atténué la crise de liquidités en Afghanistan. De quoi permettre aux talibans d’affirmer qu’ils sont sur le chemin de « l’autosuffisance ».
Il vous reste 68.74% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.








9 commentaires
Les communicateurs des talibans font preuve de créativité pour présenter une image économique florissante, mais les défis humanitaires et sécuritaires persistent. Un tunnel comme celui de Salang est-il vraiment prioritaire face aux besoins urgents de la population?
Les infrastructures routières sont cruciales, mais sans visibilité sur les critères de financement, les doutes sur leur viabilité perdurent. Qui contrôle ces fonds ?
On peut légitimement douter de la pérennité de ces projets sans soutien international. La reprise économique semble surtout bénéficier aux élites locales.
Les grands travaux sont souvent des instruments de propagande. Sans transparence, difficile d’évaluer si ces chantiers profitent vraiment à l’économie réelle ou à des intérêts privés.
Le tunnel de Salang est un symbole, mais rien ne garantit qu’il ne sera pas abandonnée comme tant d’autres infrastructures depuis des décennies.
L’Afghanistan possède des richesses minières considérables. Si les talibans parvenaient à les exploiter dans des conditions favorables, cela pourrait effectivement dynamiser l’économie.
Les talibans veulent convaincre, mais les sanctions internationales limitent les possibilités. Sans partenariats externes, les projets risquent de rester peu pérennes.
Oui, les recettes fiscales augmentent, mais à quel prix ? Les droits humains semblent encore sacrifiés sur l’autel des performances économiques.
Une croissance fiscale de 12 % peut donner une illusion de redressement, mais comment générer une prospérité partagée dans un contexte d’isolement politique ? Les métaux rares afghans pourraient pourtant changer la donne.