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Le Chili est en passe d’élire, dimanche 14 décembre, un président d’extrême droite, trente-cinq ans après la fin de la dictature d’Augusto Pinochet. D’après les premiers résultats officiels, et conformément aux sondages, l’ultraconservateur José Antonio Kast, avocat de 59 ans, possède un net avantage sur sa concurrente du second tour, Jeannette Jara, une communiste modérée représentant une vaste coalition de gauche.
M. Kast recueille 59,83 % des suffrages contre 40,17 % pour Mme Jara, selon des résultats officiels portant sur le dépouillement d’environ 20 % des bulletins de vote.
Le candidat d’extrême droite en est à sa troisième tentative d’accéder à la présidence. Après avoir voté à Paine, à 40 kilomètres de Santiago, et s’être pris en selfie avec des sympathisants, il a été applaudi par une foule scandant « Kast, président ».
Catholique pratiquant et père de neuf enfants, l’ex-député a fait campagne sur la lutte contre la criminalité et la promesse d’expulser les près de 340 000 migrants en situation irrégulière, pour la plupart des Vénézuéliens ayant fui la crise dans leur pays.
En face, Jeannette Jara, 51 ans, ministre du travail du président sortant Gabriel Boric, a promis l’augmentation du salaire minimum et la défense des retraites. Au premier tour le 16 novembre, les deux candidats ont obtenu chacun un quart des suffrages, avec une légère avance pour la gauche. Mais l’ensemble des candidats de droite a réuni 70 % des voix.
Fort sentiment d’insécurité
La criminalité et l’immigration irrégulière sont en tête des préoccupations exprimées par des Chiliens lors d’enquêtes d’opinion, devant les difficultés économiques liées à une croissance atone. « Le pays s’effondre », répète à l’envi José Antonio Kast, candidat du Parti républicain, qu’il a fondé en 2019. Les experts parlent de perceptions en décalage avec la réalité.
Si le taux d’homicides a doublé au cours de la dernière décennie, il est en recul ces dernières années et est bien inférieur à la moyenne régionale. Les délits violents, comme les enlèvements et l’extorsion, ont néanmoins augmenté. M. Kast, opposé à l’avortement même en cas de viol ainsi qu’au mariage homosexuel, a mis en sourdine pendant cette campagne ses positions conservatrices.
Le discours sécuritaire de la droite et de l’extrême droite au Chili trouve d’autant plus d’écho que le gouvernement de gauche sortant a généré des frustrations. La révolte sociale de 2019 pour davantage d’égalité sociale a été marquée par des violences puis percutée par la crise sanitaire.
L’ultraconservateur a soutenu la dictature militaire et assuré que si Pinochet était en vie il voterait pour lui. Des enquêtes menées par des médias en 2021 ont révélé que son père, né en Allemagne, avait été membre du NSDAP, le parti d’Adolf Hitler. José Antonio Kast affirme que son père a été enrôlé de force dans l’armée allemande et nie qu’il ait été un partisan du mouvement nazi.








10 commentaires
Je me demande comment les marchés réagiront demain face à cette nouvelle à Santiago.
Une présidence Kast pourrait redéfinir les relations du Chili avec les pays producteurs de métaux stratégiques.
C’est plausible, surtout s’il durcit les règles sur l’immigration vénézuélienne.
35 ans après la fin de la dictature, le Chili revient-il à un modèle autoritaire dans ses politiques ?
Une victoire de Kast pourrait avoir des conséquences importantes pour l’industrie minière chilienne, notamment en termes de régulation et de politique migratoire.
Intéressant, mais ne faut-il pas aussi considérer l’impact sur les investissements étrangers ?
Comment va-t-il concrètement traiter les travailleurs étrangers dans les mines ?
Cette élection pourrait influencer les cours de l’or et du cuivre, compte tenu de la position clé du Chili dans ces industries.
Les promesses d’expulsion des migrants pourraient compliquer la main-d’œuvre dans le secteur extractif.
Kast représentations une tendance conservatrice forte, mais il faudra voir comment il se positionne sur les brevets miniers existants.