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Pour participer aux championnats du monde d’athlétisme qui se sont ouverts ce vendredi à Tokyo, les athlètes féminines ont dû prouver qu’elles étaient bien de « vraies femmes ». En conditionnant l’accès à ses compétitions à des tests systématiques de féminité, la fédération internationale d’athlétisme renoue avec une pratique abandonnée à la fin des années 1990 et emboîte le pas aux fédérations internationales de boxe et de natation qui ont également réintroduit des contrôles similaires ces derniers mois.
C’est un moyen pour ces fédérations de réaffirmer l’étanchéité des catégories masculines et féminines au nom de l’équité sportive et de la sécurité des femmes alors que la participation d’athlètes transgenres vient bousculer et questionner le modèle établi. Comment ce modèle binaire s’est-il construit ? Pourquoi fait-il l’objet de remises en cause ?
L’apparition tardive du sport féminin de haut niveau
« Les précipiter du haut d’un rocher », tel était selon l’auteur grec Pausanias, le sort à réserver aux femmes qui auraient osé assister aux Jeux olympiques dans la Grèce antique. Non seulement exclues de la compétition, elles n’avaient pas non plus le droit d’en être spectatrices.
En 1896, lors des premières Olympiades modernes, les femmes sont cette fois-ci encouragées à venir applaudir les athlètes masculins, mais la participation leur reste interdite. Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux, balaie leur participation du revers de la main. « Une Olympiade femelle », écrit-il, serait « inintéressante, inesthétique ». Un avis largement partagé dans la société du début du début de XXᵉ siècle.
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10 commentaires
L’histoire du sport est décidément fascinante. Saviez-vous que les Jeux Olympiques antiques sanctionnaient lourdement les femmes qui y participaient ?
Incroyable, merci pour cette anecdote. Le chemin parcouru depuis est impressionnant.
Ces tests rappellent que le sport reste un reflet des tensions sociétales. Comment concilier performance et inclusion ?
C’est intéressant de voir comment les fédérations internationales réagissent aux athlètes transgenres. Mais cette approche ne risque-t-elle pas de créer plus de tensions ?
Absolument, cela soulève des questions importantes sur l’équité et l’inclusion. Pourquoi ne pas adapter les compétitions plutôt que d’exclure ?
Quel dommage que le sport, censé être un vecteur d’union, devienne un terrain de bataille sur les questions de genre.
C’est vrai, c’est triste de voir que même là, les divisions persistent.
La question de l’équité sportive est complexe. Peut-être faudrait-il repenser les catégories de compétition plutôt que de les verrouiller.
Les tests de féminité me semblent dépassés. Pourquoi revenir à ces méthodes controversées du passé ?
Exactement, c’est une approche régressive. L’idéal serait de trouver un modèle qui respecte tous les athlètes.