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Dans le viseur de Donald Trump, Joe Biden et les immigrés occupent encore le premier rang. Malgré le mécontentement croissant des Américains, le président républicain a fermement maintenu son cap économique, mercredi 17 décembre, lors d’une allocution de fin d’année diffusée en direct à une heure de grande écoute, dans laquelle il a endossé le rôle de sauveur de la nation.
« Bonsoir l’Amérique. Il y a onze mois j’ai hérité d’un désastre et je le répare », a-t-il commencé ce discours, laissant entrevoir des promesses à venir. Mais la seule annonce concrète a concerné l’envoi à 1,45 million de militaires américains de « dividendes du guerrier », des chèques de 1 776 dollars (1 500 euros environ) rappelant la date de la Déclaration d’indépendance des Etats-Unis.
Pour le reste, le dirigeant de 79 ans a jugé que l’Amérique allait connaître « un boom économique comme le monde n’en a jamais connu » et a accusé son prédécesseur démocrate, Joe Biden, de lui avoir laissé une économie « au bord de la ruine ». Le président républicain a aussi assuré que les prix, principale source d’inquiétude des ménages, baissaient « rapidement », tout en indiquant que la lutte contre l’inflation n’était « pas encore finie ».
Il s’est à nouveau vanté d’avoir résolu huit guerres – un chiffre largement imaginaire selon les spécialistes – et a évoqué le montant faramineux de 18 000 milliards de dollars de nouveaux investissements aux Etats-Unis depuis son retour au pouvoir. Donald Trump a aussi répété que grâce à lui le prix des médicaments aux Etats-Unis allait baisser de jusqu’à « 600 % », ce qui est mathématiquement impossible.
Politique protectionniste
Alors même que sa politique protectionniste laisse les Américains sceptiques, il a redit que les droits de douane étaient son « mot préféré ». Le président a aussi répété sa volonté de mettre fin au système d’assurance-santé subventionné connu sous le nom d’Obamacare, ce qui selon l’opposition démocrate va faire flamber les coûts pour les ménages.
Donald Trump a assuré que nombre des difficultés rencontrées par ses concitoyens étaient le résultat d’une « invasion » d’immigrés pendant le mandat de Joe Biden. Le président américain, qui mène une politique d’expulsions massives accompagnée de sévères restrictions à l’immigration, s’est félicité d’avoir enclenché un processus de « migration inversée » ou de « remigration ». Il a accusé les immigrés d’avoir créé une crise du logement, d’avoir « volé » des emplois, d’avoir « submergé » les hôpitaux et, pour résumer, d’avoir vécu aux dépens des contribuables.
La vision optimiste de l’économie du président américain tranche avec l’inquiétude exprimée dans les sondages sur le coût de la vie. Selon une enquête d’opinion PBS News/NPR/Marist publiée mercredi, 61 % des Américains jugent que la conjoncture ne leur est pas favorable personnellement, contre 57 % en mai.
M. Trump « vient de montrer qu’il vit dans une bulle complètement déconnectée de la réalité que vivent et ressentent les Américains au quotidien », a réagi le sénateur démocrate Chuck Schumer après le discours. « Les faits sont là : les prix augmentent, le chômage augmente, et aucune amélioration n’est en vue », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Frustration face aux sondages
La déception des Américains quant à la politique économique de Donald Trump, reposant en grande partie sur les droits de douane, inquiète les républicains à moins d’un an des élections législatives de mi-mandat.
Donald Trump, après un meeting la semaine dernière en Pennsylvanie, sera vendredi en Caroline du Nord pour tenter de mobiliser les électeurs. Il a laissé éclater récemment sa frustration face aux sondages, en écrivant sur son réseau Truth Social : « Quand dira-t-on enfin que j’ai créé, sans inflation, peut-être la meilleure économie de l’histoire de notre pays ? Quand les gens vont-ils comprendre ce qu’il se passe ? »
Si Donald Trump maintient que la conjoncture est meilleure que la perception qu’en ont ses compatriotes, d’autres responsables demandent aux Américains d’être patients. L’un des principaux conseillers économiques de la Maison Blanche, Kevin Hassett, a réagi mardi à la progression du taux de chômage en novembre en rappelant que la croissance économique restait forte et en déclarant : « Généralement, les créations d’emplois suivent. »
Il a prédit qu’il faudrait six mois pour que l’emploi industriel rebondisse, grâce selon lui aux investissements rendus possibles par le président américain.
Les électeurs « savent que Rome ne s’est pas faite en un jour. Ils savent que ce que Joe Biden a cassé ne sera pas réparé en une semaine », a déclaré de son côté le vice-président J. D. Vance, pendant un meeting mardi en Pennsylvanie. « Nous devons persévérer. Nous devons continuer à travailler pour ramener de bons emplois et de l’argent aux Etats-Unis », a-t-il ajouté.






20 commentaires
Un boom économique comme le monde n’en a jamais connu? Trump voit-il le monde à travers ses propres lunettes roses?
L’optimisme exagéré est souvent le signe d’un manque de réalisme politique.
Un discours typique de Trump, plein de fougue et de assiettes nationales. Mais en quoi cela profite à ceux qui ont perdu leur emploi?
La question qui dérange. L’économie ne se résume pas aux discours, hélas.
Ces chèques de guerre rappellent la Déclaration d’indépendance, mais est-ce une manœuvre électorale en vue des prochaines élections?
Probablement un mélange des deux. La politique et l’économie sont indissociables.
1,776 dollars, un montant symbolique ou une mesure sérieuse? Comment ces chèques aideront-ils vraiment les militaires?
Symbolique, surtout. Mais tout geste en faveur des forces armées est apprécié.
Difficile de croire qu’un boom économique est imminent. Les prix baissent lentement, mais les ménages souffrent encore.
Exact, les chiffres officiels ne reflètent pas toujours la réalité vécue par les familles.
Une approche très protectionniste et nationaliste, comme d’habitude. Mais que pensent vraiment les marchés de ces promesses économiques?
Les marchés réagissent souvent aux discours politiques, mais les résultats concrets sont ce qui compte. L’avenir nous le dira.
Intéressant de voir comment Trump met l’accent sur l’économie malgré les critiques internes. Espérons que ces mesures profitent réellement aux Américains.
Les chèques de 1 776 dollars semblent symboliques, mais l’impact réel reste à voir. L’inflation est encore une préoccupation majeure.
L’immigration est encore un sujet de débat brûlant, mais quel est le vrai impact sur l’économie américaine?
Les études montrent des effets mitigés. Certains secteurs en dépendent, d’autres non.
Trump aime jouer les sauveurs, mais où sont les plans détaillés pour relancer l’économie? Les promesses vides ne suffiront pas.
Les détails arriveront peut-être, mais pour l’instant, c’est surtout du spectacle politique.
Mentalité intéressante de blâmer Biden pour l’état de l’économie. Est-ce que Trump admet qu’il a aussi hérité de problèmes liés au COVID?
Les crises pandémiques sont rarement mentionnées dans ses discours. La politique des boucs émissaires semble plus facile.